Thèse soutenue

Les chrétiens et la danse dans la France moderne : XVIe-XXVIIIe siècle
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Auteur / Autrice : Marianne Ruel Robins
Direction : Nicole Lemaître
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance en 1999
Etablissement(s) : Paris 1

Mots clés

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Résumé

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Tout au long de l'époque moderne, la question des danses soulève d'importantes controverses dans le royaume de France. Ce travail analyse les fondements religieux, sociaux et culturels de ce débat, et considère dans un premier temps ses antécédents médiévaux. Au XVIe siècle, la question des danses devient un terrain d'affrontement confessionnel au cours duquel se mettent en place les critères identitaires de la communauté reformée. Les diverses perspectives sur les danses correspondent en outre, aux XVIIe et XVIIIe siècles, à des visions antithétiques du corps. À une tradition courtoise pour laquelle le corps dansant est le plus sur indice de bonne naissance ou de bonne éducation s'oppose un discours pour lequel le corps n'est qu'un signe trompeur, et qui voile plus qu'il ne décrit la nature du sujet. Dans le même temps, la ségrégation progressive des traditions chorégraphiques des élites et du peuple permet de réprimer de manière sélective cette activité. Lorsqu'elles s'en prennent aux danses populaires, les autorités ecclésiastiques et royales invoquent l'ordre social et moral : en tant que mouvement de foule, la danse engendre la violence ; en tant que point de rencontre entre hommes et femmes, elle mène à toutes sortes de dérèglements sexuels. À cette vision répressive qui insiste sur la ségrégation des groupes sociaux et des sexes répond une pratique populaire des danses que rien ne semble pouvoir enrayer. C'est que la danse remplit pour le peuple des fonctions essentielles : elle reproduit le groupe social rituellement et de facto ; elle célèbre l'unité de la communauté et réconcilie les vivants et les morts ; elle témoigne d'une familiarité avec Dieu que les autorités lisent volontiers comme une forme d'irrévérence. Lorsqu'elle parvient enfin à convaincre les fidèles de la nature profane des danses, l'église se prive d'un des rituels les plus riches de son histoire.