Thèse soutenue

Discours et images de la paix dans des villes d'Allemagne du Sud aux XVIIe et XVIIIe siècles

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Auteur / Autrice : Claire Gantet
Direction : Étienne François
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance en 1999
Etablissement(s) : Paris 1

Résumé

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Issue d'une réflexion sur les formes spécifiques d'une mémoire collective liée à un conflit politique, cette thèse étudie les perceptions de la guerre de trente ans et la définition progressive de la paix qui menèrent aux traités de Westphalie (1648), puis leur réception et leur ritualisation jusqu'à l'extrême fin du XVIIIe siècle. La guerre de trente ans eut pour fin la définition d'un modus vivendi permettant la coexistence de plusieurs confessions dans le saint-empire. Pour désamorcer le potentiel conflictuel, on régla les problèmes sur le plan civil, en écartant les questions dogmatiques. Mais la guerre ne peut être réduite à un rapport de droit. Sa conclusion nécessita aussi un travail sur les peurs pour en faire ressentir l'effroi, une mémorisation des évènements destinée à instruire l'horreur d'une guerre civile. Les traites de Westphalie décrétèrent l'amnistie générale, le silence public, afin de reconstituer un tissu social dans l'immédiat. Mais la réconciliation imposait une mémoire de la persécution. Ce double mouvement, d'oubli politique et de mémoire religieuse s'exprimèrent dans les fêtes de la paix célébrées lors de la signature des traites (174 différentes entre 1648 et 1650, 204 jusqu'en 1660). Œuvre des juristes, la paix requit la redéfinition du rôle politique des clergés. La célébration des traités fut l'œuvre du corps pastoral, essentiellement luthérien, qui rapporta la paix à la seule action de Dieu. Dans les villes où catholiques et protestants coexistaient, les fêtes de la paix furent institutionnalisées, célébrées par les luthériens exclusivement chaque année parfois jusqu'à nos jours comme à Augsbourg. Dans ces villes, la paix suscita le développement de traits culturels spécifiques soulignant la différence religieuse. Les fêtes de la paix furent des démonstrations luthériennes. Mais l'étude fine des discours et images de la paix produits au cours de ces fêtes montre que l'affirmation confessionnelle sut toujours respecter et faire primer les valeurs civiques communes. Dans ces villes mixtes, il se forma un habitus de la paix.