Thèse soutenue

L'idée de transformation dans la philosophie de Spinoza
FR  |  
EN
Accès à la thèse
Auteur / Autrice : François Zourabichvili
Direction : Rose Goetz
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance en 1999
Etablissement(s) : Nancy 2

Mots clés

FR

Mots clés contrôlés

Résumé

FR

La question de la transformation (in aliam formam mutare, aliam naturam induere) traverse tout l'œuvre de Spinoza, et d'abord comme l'épreuve du temps présent : que valent la transmutation alchimique et le miracle (âge mécaniste) ? Que signifie le goût des chimères et des métamorphoses (âge baroque) ? Qu’est-ce que changer, en politique (âge révolutionnaire et pseudo-absolutiste) ? Remarquable est la manière dont le philosophe formule et déplace ces enjeux. La notion de forme reçoit un sens nouveau, immanent, d'orientation médicale, tandis que se dégagent le problème de l'individu comme communauté et de la communauté comme individu, ainsi qu'une conception de la nature comme processus de transformation « modale », à la lumière de laquelle le rôle et le statut de l'essence peuvent être réévalues (1ére partie). La réflexion sur la « forme de l'idée » jette sans métaphore les bases d'une physique de la pensée, qui exige la création d'une langue philosophique spéciale ou langue de « l’entendement infini » ; en découle un matérialisme non réductionniste, comprenant une logique de la transmutation active des affects et une anthropologie du surnaturel quotidien (2éme partie). Les apories de la croissance et de l'amnésie conduisent à une problématique du rapport à l'enfance qui récuse la tradition : épreuve cruciale d'une philosophie qui dénie toute consistance ontologique à l'idée de privation, l'enfance, rétablie comme devenir et non comme monde ou comme état, fournit au processus éthique son image privilégiée. Le regard pessimiste sur le passé récent de la révolution anglaise se prolonge dans un diagnostic de l'avenir imminent de l'Europe - hégémonie et déclin de la monarchie dite absolue, hantée diversement par la chimère et la métamorphose - et dans une tentative ultime et inachevée de déplacer la question pratique en fonction du concept de « multitude libre » (3éme partie).