Thèse soutenue

La femme, une utopie ? Ou le discours sur le féminin dans la littérature utopique française des XVIIe et XVIIIe siècles
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Auteur / Autrice : Marie-Françoise Bosquet
Direction : Jean-Michel Racault
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature française
Date : Soutenance en 1999
Etablissement(s) : La Réunion

Résumé

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« La femme, une utopie ? » : l'interrogation traduit toute la complexité du sujet qui met en doute l'existence de la femme en terre utopique dans la littérature française des XVIIe et XVIII siècles, de 1675 a 1795. L'utopie, narrative chez Foigny, Fénelon, Prévost, Rousseau, Casanova et Sade, programmatique chez Restif de la Bretonne, « expérimentale » chez Laurens, ou théâtrale chez Marivaux, s'interroge sur le statut de la femme au nom de sa logique collective. Tout individualisme qui la menacerait y est foncièrement suspect. Or la femme, par les sentiments qu'elle provoque, forge l'individualisme. Elle offre un double visage : celui de la mère, nécessaire, rassurant, « utopique », et celui de l'amante, désirable mais hautement perturbateur, « dystopique » : il éveille les passions et conduit à la recherche d'un bonheur personnel destructeur de l'harmonie générale. Notre enquête part d'un point formel, littéraire, l'interférence de la spécificité utopique et de la féminité, et en vient au décryptage successif des deux principales images féminines dont la valeur fonctionnelle est inversée au regard de l'utopie. Le mythe en est l'outil privilégié. C'est par lui que se trouve dissoute l'opposition entre aspirations individuelles et exigences sociales du patriarcat. Cependant, la féminité s'élabore en critique du système utopique dont elle indique le degré d'instabilité. Elle révèle le conflit entre liberté personnelle et liberté collective. Tout l'art des utopistes consiste à atténuer le risque « dystopique » et à ne laisser affleurer la femme que dans les mythes où son existence est celle de la pensée. Car plus elle est soumise a la rigidité des systèmes patriarcaux, plus elle s'évade dans l'imaginaire utopique. A la fois présente et absente, elle allie les contradictions les plus irréductibles : désir d'unité et répulsion envers l'autre. Elle traduit donc ce qui constitue l'objet de la littérature utopique, l'éveil de l'imagination confrontée à la raison.