Thèse soutenue

Les "exclus" de la banlieue ? : étude d'un quartier et des rapports sociaux de dépendance

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Auteur / Autrice : Cyprien Avenel
Direction : Didier Lapeyronnie
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance en 1999
Etablissement(s) : Bordeaux 2
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Didier Lapeyronnie, François Dubet, Patrick Le Galès, Jacques Ion, Thierry Paquot

Résumé

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Qu'est-ce qu'un "exclu" dans un quartier de banlieue réputé "difficile" ? La thèse se centre autour de cette interrogation générale qui nait d'un constat : la recherche sociologique mobilise depuis la fin des "banlieues rouges" ; une représentation "négative" ; de la question urbaine, celle de la "crise" qui se fixe sur la figure générique de l'exclusion. Les habitants de la banlieue n'apparaissent que par l'accumulation des problèmes qu'ils posent : chômage, anomie, destruction sociale. Ce mode de raisonnement présente l'inconvénient de ne définir les acteurs que par ce qu'ils ne sont pas ou plus. Mais on ne parvient guère à nommer ce qu'ils sont. La thèse montre qu'il est sociologiquement insatisfaisant de parler d'exclus ; ou encore d'underclass, car les habitants se définissent par une situation paradoxale : ils ont les "pieds" dans la précarité économique et la "tête" dans l'univers culturel des classes moyennes. Ils sont aussi massivement pris en charge par les politiques urbaines et sociales, nombreuses et actives. De ce point de vue, les quartiers de banlieue ne sont pas comparables à la figure américaine du ghetto livré à lui-même. Mais alors que jamais les intervenants locaux n'ont été aussi omniprésents, la thèse montre que les individus se sentent abandonnés et "invisibles". Dans une large mesure, les politiques sociales ne sont pas vécues comme le support d'une citoyenneté, mais engendrent souvent de multiples ressentiments et aboutissent à des conduites de rupture, comme la violence. À partir de cela, la thèse explore une orientation alternative. Comment définir derrière l'exclusion ; et la dépendance, un rapport de domination sociale qui produit un sentiment d'invisibilité de l'individu et invalide les capacités d'initiative collective ? Peut-on penser un rapport de classe sans classe ?