Thèse soutenue

Les militaires indochinois au service de la France (1859-1939)
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Auteur / Autrice : Henri Eckert
Direction : Martin Jean
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance en 1998
Etablissement(s) : Paris 4

Résumé

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Les unités militaires régulières levées par la France en Indochine à partir de 1862 jouent un rôle non négligeable dans la conquête, la pacification et la défense de la colonie. Près de 50 000 militaires indochinois sont envoyés en Europe pendant la première guerre mondiale. Par la suite, d'autres servent en Chine, au Levant, au Maroc, et même en Sibérie. Ils sont employés aussi dans les services de l'armée métropolitaine. Pour comprendre la place occupée par ces troupes dans l'armée française, il a fallu étudier la mise sur pied des unités et leur participation à ces campagnes, leur recrutement, et les principes de leur emploi tactique. Mais, par le montant des effectifs concernés et l'étroitesse des relations entre soldats indochinois et cadres français, les troupes indigènes sont aussi un lieu privilégié du contact colonial. Quelles transformations entraine-t-il ? Jusqu'en 1914, l'incorporation perturbe le mode de vie traditionnel des recrues, mais ne créé pas de véritable déracinement. Le voyage en Europe constitue en revanche un important bouleversement pour des dizaines de milliers de soldats. Cela explique que, dans les années vingt et trente, l'armée indigène, facteur de modernisation, est devenue un enjeu décisif pour les partis révolutionnaires vietnamiens. Leur action ne fait que renforcer la méfiance traditionnelle des autorités militaires françaises envers les unités indochinoises. En effet, les représentations françaises du soldat indigène restent très marquées par des stéréotypes déprédateurs, ce qui contribue à empêcher la mise en œuvre dans l'armée d'une vraie politique de développement national et de formation des élites, pourtant réclamée par quelques officiers. Par manque de confiance en eux, la France n'a donc pas réussi à faire des militaires indochinois une force pleinement efficace, ni sur les champs de bataille, ni pour le développement de leurs pays. Reste le souvenir d'une certaine fraternité d'armes.