Thèse soutenue

Auschwitz : du témoignage à l'écriture
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Auteur / Autrice : Marylène Duteil
Direction : Georges Molinié
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature française
Date : Soutenance en 1999
Etablissement(s) : Paris 4

Résumé

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Comment témoigner d’Auschwitz ? Comment témoigner d’Auschwitz par l'écriture ? Parmi la masse des témoignages écrits par des survivants des camps, seuls quelques-uns ont acquis une valeur littéraire. Leurs auteurs ont rencontré dans l'écriture un moyen de dire leur expérience qui semblait indicible et d'amener les non-témoins à l'écoute de leur récit inouï. Dès les premières formes de témoignages, l'écriture est apparue dans sa dimension littéraire, comme le tiers permettant au déporté devenu, dans le camp, étranger à lui-même, de témoigner. Notre thèse tente de comprendre le rapport complexe que le témoignage d’Auschwitz entretient avec l'écriture. Elle cherche ainsi à étudier d'autres formes de témoignages que les premiers récits des survivants : a ainsi été analysée la théorie du romanesque lazaréen de Jean Cayrol, l'un des premiers à avoir articulé l'expérience des camps à une réflexion profonde sur la littérature. Les derniers livres de Maurice Blanchot ont également été étudiés car ils proposent une réflexion sur une forme de témoignage comme l'écoute et l'accueil de la parole d'autrui, ce « sujet déporté » qui n'est plus sujet, réflexion qui rejoint l'éthique d’Emmanuel Levinas, et certains aspects de la poétique de Paul Celan, qui écrivait que « nul ne témoigne pour le témoin ». Au regard de ces nouveaux témoignages, l'écriture d'après Auschwitz apparait comme une écriture qui recherche l'impuissance ou plutôt l'abandon de toute forme de maitrise afin de s'ouvrir à la passivité d'une écoute de ce qui échappe à la langue. L'écriture s'ouvre à l'exigence fragmentaire, à la rature, qui ne cesse de dédire ce qui est dit, au paradoxe ; le sujet de l'écrivain s'efface dans un « il » impersonnel. . . De ces revendications d'impuissance aux premiers constats des témoins face à l'inimaginable, le témoignage d’Auschwitz s'est transmis dans le corps littéraire, non pas comme un défi à l'indicible mais comme l'acceptation et la prise de conscience d'un pouvoir à céder.