Thèse soutenue

Paul Claudel et l'Empire du milieu

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Auteur / Autrice : Yvan Daniel
Direction : Pierre Brunel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature française
Date : Soutenance en 1998
Etablissement(s) : Paris 4

Mots clés

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Résumé

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Le séjour diplomatique de Paul Claudel dans l'Empire du milieu, de 1895 à 1909, fut le moment d'une production abondante - on citera principalement Connaissance de l'est, le Repos du septième jour, Partage de midi, Cinq grandes odes, le Livre sur la chine et Sous le signe du dragon. Or, malgré certains travaux remarquables, on néglige souvent à tort l'influence de la Chine, réduite à un décor de pacotille ou prétendument mal comprise. Engagée sous deux ciels, le ciel chinois et le ciel chrétien, l'œuvre est soumise à une série de tensions contradictoires qui traduisent les hésitations d'un homme placé au cœur d'un monde qui le fascine et le satisfait, mais ne peut contourner cette objection flagrante : l’Asie n'est pas chrétienne. L'intérêt porté à l'univers chinois conduit l'auteur à produire une œuvre d'étude aussi bien qu'une œuvre poétique, toutes deux fondées sur la Chine, sa réalité économique ou ses « philosophies ». L'esprit taoïste et la lecture de Lao Zi marquent Vers d'exil et Connaissance de l'est, les interprétations des anciens jésuites figuristes structurent le Repos du septième jour, les rapports consulaires donnent la base du Livre sur la Chine et de Sous le signe du dragon. Mais les scrupules du converti et ses répulsions mènent à la condamnation du bouddhisme dès 1899 et, à partir de 1911, ce refus s'élargit progressivement à la pensée extrême-orientale dans son ensemble. L’Asie est comparée à l'enfer dans les textes très durs des années 1950 : la sévérité des dernières années apparait comme une résipiscence. Les différentes approches envisagées n'ont pas abouti : l'échec des figuristes jésuites est accepté. Sous le signe du dragon « oublié » jusqu'à son édition tardive, en 1947. La lecture de Gilbert Keith Chesterton en 1908 a en effet confirmé le tournant pris vers 1905 dans les Cinq grandes odes ; aucun rapprochement n'est pour finir possible entre les « philosophies » et traditions chinoises et la religion occidentale. Mais, en dépit de la raideur des dernières années, il restera une part de cette « indulgence coupable » à l'égard du céleste empire; l'œuvre et la vie de Paul Claudel recherchent et acceptent cette perle difforme et illogique, l’Asie, la comprenant telle qu'elle est, mais sans jamais cesser d'espérer sa conversion définitive.