Thèse de doctorat en Monde anglophone
Sous la direction de Hubert Teyssandier.
Soutenue en 1998
à Paris 3 .
Ce travail interroge la représentation de la violence chez trois auteurs britanniques contemporains : Martin Amis, Ian McEwan et Graham Swift, emblématiques de deux courants distincts de l'écriture postmoderne. Ian McEwan et Graham Swift tentent de textualiser l'horreur nazie ainsi que l'ignominie du terrorisme, par le biais de la représentation d'un corps sémiotisé, qui désigne la violence de manière figurale, en présentifiant l'expulsion qu'elle entraîne, du sujet, puis du signe lui-même. Cette figuralité, qui constitue un événement dans l'ordre du discours, fait du texte un geste de mise en présence du référent. Martin amis prend pour objet de discours cette économie figurale de la représentation, qui est habitée, selon lui, par la logique du simulacre. Il l'exhibe alors dans ses conséquences littérales, sous la forme carnavalesque d'une révolution généralisée. Ce faisant, il révèle que, par essence, le roman postmoderne est hante par le néant, et se sous-tend du rien. Or si quelque chose peut faire supplément a ce manque, ce n'est pas l'écriture elle-même, condamnée qu'elle est a en décliner les modalités, mais la lecture, en tant qu'elle est coproductrice du texte. Désignée comme le dernier refuge du poétique en ces temps troubles de crise de la foi en le pouvoir symbolique du signe, la lecture serait-elle ce qui peut faire bouchon au vide de la représentation ? Il n'en est rien. Car si les textes offrent indiscutablement a la lecture des petits-plus-de-jouir, ils l'instaurent principalement, dans le manque qui la creuse, en lecture désirante qui, en se reconnaissant comme telle, emporte avec elle un savoir structurel sur l'absence
Figures of violence in contemporary British fiction : Martin Amis, Iian McEwan, Graham Swift
The representation of violence in novels by Martin Amis, Ian McEwan and Graham Swift exemplifies two major trends in postmodern British writing. McEwan and Swift incorporate the horror of the Second World War into their texts by means of the representation of a semiotized body that makes violence present through its consequences for the subject and the linguistic sign. This iconic body sets discourse into motion, because it endows language with the power to point to the very presence of its object. Amis denounces this economy of representation as prone to the logic of the simulacrum, by staging its consequences in the guise of a carnivalesque revolution, and revealing that the postmodern novel is haunted by nothingness. Henceforth, since writing appears as a mere simulacrum, only reading seems to retain the shaping power of imagination on the emptied stage of contemporary fiction. But even the reader fails to save the text from the wreckage of the collusion between words and things, since he is himself riddled with the hollows of desire. He can only attempt to relish the violent play of language that takes place before his eyes