Auteur / Autrice : | Marie-Claire Boisset Pestourie |
Direction : | Adolphe Haberer |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études anglaises |
Date : | Soutenance en 1998 |
Etablissement(s) : | Lyon 2 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Il y a une ecriture du silence dans l'oeuvre de virginia woolf : on en trouve des traces tres marquantes dans toute la fiction, du debut a la fin, a tous les stades de sa composition, mais aussi, declinee de diverses manieres, dans les lettres, le journal, et jusque dans les ecrits journalistiques. Loin d'etre un simple theme, le silence est partie prenante du travail de l'ecriture (la fiction servant ici de point focal) : respiration, inspiration, scansion, pause, coupure ou interruption, plein ou vide, il fait partie integrante de la dimension esthetique de cette ecriture. Glorifie, le silence peut revetir une aura de mystere, une dimension metaphysique toute paradoxale chez un auteur repute (et parfois meme auto proclamee) athee. S'il n'est guere possible de parler de mysticisme au sens le plus conventionnel du terme chez woolf, l'idee d'une ecriture "mystique", ou plus precisement negative (au sens ou l'on parle, comme en photographie, de philosophie ou de theologie "negative") s'impose a la lecture de plus d'un texte. La ou les mots, quelle que soit leur force, ne rencontrent que defaite, l'ecriture contourne la diffuculte en montrant de facon indirecte ce qu'elle veut faire sentir, absence, blanc et vide servant alors de revelateur (ou de faire valoir) pour faire signe quand meme, en direction de ce qui constitue la charpente meme du monde, presence (being) qui surgit parfois dans un moment miracle. L'ecriture woolfienne s'interesse par predilection a tout ce qui reste par essence hors de portee du langage ordinaire, "etre" quasi innommable (et auquel d'autres donneraient peut-etre le nom de dieu), mais surtout esprit de realite et de vie (c'est-a-dire aussi la mort). L'ecriture du silence derive d'un desir visceral de dire la verite sur les choses (de l'amour et du corps, aussi), les divers obstacles a la mise en oeuvre de ce geste grandiose et brillant, tout a fait desespere mais toujours vivant, se traduisent par une infinite d'effets sur un tissu de silence.