Thèse soutenue

L'homme et Dieu chez Blaise Pascal : les Pensées : de la misère de l'homme à l'humanisme de la grandeur

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Auteur / Autrice : Jean-Louis Bischoff
Direction : Jean-Robert Armogathe
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance en 1998
Etablissement(s) : Paris, EPHE

Résumé

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L'objet de ce travail est de montrer qu'une restitution du mouvement apologétique des pensées, effectuée a partir d'une exploitation méthodique de la relation de l'homme et de Dieu, nous permet de rapatrier spécifiquement Pascal dans la sphère de l'humanisme chrétien. Qu'entendons-nous par exploitation méthodique? Comment justifier l'utilisation du terme "humaniste", du verbe "rapatrier" et de l'adverbe "spécifiquement"? Répondre à ces interrogations va nous permettre de présenter les linéaments de notre étude. Disons d'abord que pour saisir la cohérence interne de l'œuvre nous n'avons rien fait de plus que de suivre les instructions pascaliennes telles qu'elles apparaissent dans le fragment 6, ch. 1, misère de l'homme sans Dieu, félicité de l'homme avec Dieu (ed. Lafuma, paris, seuil, 1963), texte nous indiquant les temps forts du mouvement apologétique dont le point de départ est une description du malheur de l'homme et le point d'arrivée son bonheur. Nous comprenons en conséquence ce que nous entendons par exploitation méthodique : sous ce terme nous indiquons simplement que notre enquête s'est voulue conforme à l'intention pascalienne telle qu'elle apparait dans le premier chapitre des Pensées. Ici une remarque s'impose. Notre restitution du mouvement général des Pensées n'a pas été favorable aux idées traditionnelles que l'on se fait des Pensées. Nous avons en effet découvert un Pascal pour qui la grâce ne vient pas congédier les capacités naturelles de l'homme (raison, imagination, cœur, volonté) mais leur offrir un développement plénier, bref nous avons découvert un Pascal humaniste c'est-a-dire un Pascal témoignant d'un optimisme dans les capacités naturelles de l'homme. Ce faisant nous avons posé notre analyse en nous opposant à une forte tradition interprétative ayant toujours attribué a pascal le qualificatif d'antihumaniste ; voila pourquoi nous avons utilisé le verbe rapatrier. Reste que si nous avons écarté Pascal de l'antihumanisme luthérien et janséniste (antihumanisme que nous avons fait émergé), nous n'avons en aucune manière assimilé l'humanisme pascalien, à l'humanisme moliniste, l'expression franche de l'humanisme chrétien (il y a humanisme chrétien quand une théologie découvre dans son anthropologie une nature humaine relativement bonne malgré la chute) au XVIIème siècle.