Thèse soutenue

La réécriture et ses enjeux dans les fantaisies de Liszt sur des thèmes d'opéra (1830-1848) : musique, sémantique, société
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Auteur / Autrice : Bruno Moysan
Direction : Serge GutJean-Michel Vaccaro
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Musicologie
Date : Soutenance en 1997
Etablissement(s) : Tours

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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L'objectif principal de cette thèse est d'étudier, sur le plan musical, semantique et social, les enjeux du réinvestissement individuel d'un ensemble de lieux communs empruntés. La réécriture de fragments d'opéra sous la forme de fantaisies pour piano crée sur le plan du langage et de sa socialisation une indétermination créatrice. Liszt met en scène dans ses fantaisies un langage conciliateur mêlant pragmatiquement l'héritage de la société de cour (diplomatie de l'esprit, pratique de l'ornatus, prééminence de l'opéra seria comme grand genre) et bon nombre d'innovations romantiques (virtuosité prophétique dans le cadre du concert soliste, réécriture poétique et sonore du matériau emprunté selon un mode fusionnel et onirique, promotion de la musique instrumentale comme idiome de l'idéalité, élargissement du registre de l'expression et relativisation des critères du goût). La réécriture fait de la fantaisie un genre transversal, au cœur de la mutation des systèmes de représentations de 1830. Une image nouvelle de l'artiste-génie entre en correspondance avec un langage subversif, une forme captatrice issue de la reforme rossinienne et la structure de sociabilité du concert soliste. Dans l'instant de son énonciation par le virtuose, la fantaisie, microcosme de l'imaginaire romantique, fait du musicien, simple participant subalterne de la mission civilisatrice du monde élégant, le symbole d'une excellence sociale contestataire fondée sur la capacité : l'artiste. De ce réseau de contradictions et de solidarités paradoxales converties en discours nait une esthétique profondément moderne. De la son actualité.