Un être mi-bête, mi-homme : l'anthropologie des Lumières
Auteur / Autrice : | Stéphane Hélène |
Direction : | Louis Sala-Molins |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance en 1997 |
Etablissement(s) : | Toulouse 2 |
Résumé
Vu du cote des esclaves, des epaves, des vauriens, des creve-la-faim, des exploites et des va-nu-pieds: en arriere-plan des lumieres, se profile les mille et une miseres de l'anthropologie negriere. Homme, bete, ou moitie homme, moitie bete? le negro-africian a fait l'objet de toutes les supputations et theorisations anthropologiques. Les mecanismes qui ont permis de telles hypotheses proviennent d'un long processus de maturation qui deborde largement le xviiieme siecle: de l'antiquite au moyen-age, de la renaissance a l'epoque moderne et au-dela, l'afrique a ete le receptacle de tout ce que le monde comptait de merveilles et de monstruosites, de vils barbares et de cruels paiens. L'esclave par nature chez aristote, tout comme l'esclave qui, chez augustin, expie sa faute, ont sans doute contribue a justifier l'esclavage moderne. C'est d'accord, mais avec rousseau, voltaire, condorcet ou montesquieu, avec des naturalistes comme buffon, linne ou lamarck, l'esclave noir prend, sous l'enclume d'une anthropologie pour l'asservissement, la figure de l'etre mi-bete, mi-homme. Deja nourri au lait amer des evangiles par les cures du ponant, il voit son destin entierement modele. Le droit le loge dans la categorie du non-droit, la raison l'outrage, car le negre bestial est indispensable pour valider l'engagement humain dans la voie de la perfectibilite: il faut qu'il soit la et bestialement la.