Thèse soutenue

Les réunionnais de Madagascar de 1880 à 1925

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Auteur / Autrice : Claude Bavoux
Direction : Françoise Raison-Jourde
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance en 1997
Etablissement(s) : Paris 7

Mots clés

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Résumé

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L'argument consiste à montrer que l'importance numérique des réunionnais qui se mêlent aux colons européens ainsi que la polysémie du terme qui les désigne, le terme "créole" entaché de la macule servile, posent problème au colonisateur qui s'impose à Madagascar en 1895. Le sens de "né à la colonie" se répand alors dans les deux îles. Il existe un lien entre la charge symbolique attachée à ce terme et les comportements d'échec observés chez les coloniaux à Madagascar dans la période 1880-1925. La violence des représentations anciennes de Madagascar à La Réunion, comme le lien ambigu qui attire les réunionnais à l'ouest entraînent des attitudes que malgaches et métropolitains stigmatisent. Le laisser-aller, le comportement flibustier perpétué sur l'îlot de Nosy Bé, le mirage de l'or sont des invariants de cette émigration. La maîtrise de ces pulsions de violence est sciemment canalisée par l'engagement dans des corps francs durant les guerres de 1883-1885 et de 1895. La vie militaire assimilée à la France. La simple émigration civile à destination de la grande île est moins assimilatrice et moins aventurière. L'évocation des réunionnais marginalisés dans la banalité de leur vie d'allogènes s'appuie sur des chiffres précis dans les domaines quotidiens du recensement, de la santé et de l'école. Les nouveaux-venus ne sont pas tous voués à l'échec à Madagascar, certains y concentrent des richesses. Une investigation dans le domaine des biens privés donne une idée approximative de l'accumulation des biens entre des mains réunionnaises. Y aurait-il des réunionnais moins "créoles" que d'autres ? Une dernière partie montre ce qu'est la compensation de l'exil. Certes, on y reproduit des modèles de comportement : brimés chez eux, les réunionnais briment à leur tour les malgaches. Mais ils accèdent parfois aux enjeux politico-médiatiques mieux qu'ils ne le feraient dans leur île : un nouvel "espace public" réunionnais se fait jour dès 1880 à Tamatave. Il ne cesse de s'amplifier jusqu'en 1925.