Thèse soutenue

L'art de l'injure dans le théâtre de Shakespeare
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Auteur / Autrice : Nathalie Vienne-Guerrin
Direction : Pierre Iselin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études anglaises
Date : Soutenance en 1998
Etablissement(s) : Paris 4

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Le propos de cette étude est de montrer comment Shakespeare fait de l'injure un art non seulement poétique mais aussi dramatique. Pour ce faire, nous aborderons l'injure sous divers angles, en nous efforçant toujours d'étudier l'injure dans son contexte spécifique. Après avoir décrit la politique de l'injure élisabéthaine à travers une approche tour à tour religieuse, historique, sociale et juridique, le théâtre shakespearien apparaitra comme un espace de liberté, un chef-lieu de l'injure au sein d'une société qui fait tout pour dompter la langue des hommes. Dans le monde élisabéthain, l'injure est péché, délit, crime ou atteinte à l'honneur. Shakespeare sait réécrire les injures de son temps pour en faire un art qui frappe par sa diversité thématique, par sa richesse métaphorique et par son ambivalence rhétorique. Economique, l'injure est aussi inflationniste et excessive. Elle peut aussi se cacher derrière le mot d'esprit ou encore se faire cannibalisme verbal. Mais Shakespeare exploite également le potentiel spectaculaire et dramatique de l'injure, lorsqu'il la représente en actes et en gestes ; lorsqu'il explore les décalages entre son émission et sa réception ; et enfin lorsqu'il fait de l'injure ou du "flyting" tantôt un déclencheur d'action, tantôt un prélude au combat physique, tantôt un jeu, tantôt un spectacle à part entière. Tout l'art de Shakespeare est de savoir exploiter le potentiel injurieux de n'importe quel mot, geste ou acte. A chaque étape de notre réflexion l'injure apparaitra dans toute son ambivalence. Elle s'inscrira dans une dialectique de liberté et de contrôle, de convention et de création, de violence et de jeu. Appréhender la beauté et la richesse de l'art shakespearien par le biais de l'injure, tel est le défi paradoxal que nous nous sommes efforcés de relever.