Thèse soutenue

La campagne d'Orient, 1915-1918, Dardanelles-Macédoine, d'après les témoignages de combattants : des premiers départs vers les Dardanelles fin février 1915 à l'armistice bulgare du 29 septembre 1918

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Auteur / Autrice : Francine Saint-Ramond Roussanne
Direction : Guy Pedroncini
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance en 1997
Etablissement(s) : Paris 1

Résumé

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De 1915 à 1918, plus de 500 000 soldats français ont quitté le territoire national, engagés dans des opérations militaires contre les turcs en 1915, puis à partir d'octobre de la même année, contre les bulgares. Des contingents, sans cesse renouvelés, formant au maximum huit divisions, ont constitué ce qui s'est appelé l'armée d'Orient ;. Cette étude évoque, à travers leurs propres témoignages, la vie de ces hommes transplantes brutalement en des lieux dont l'approche ne s'appuyait sur aucune réalité concrète, face à des adversaires de dernière minute. Le voyage par mer, lointain et périlleux, constitue un premier traumatisme. Après un débarquement extrêmement couteux en hommes, les combattants de deux divisions s'accrochent pendant huit mois et demi à un territoire exigu, profond de cinq kilomètres, à l'extrémité de la presqu'ile de Gallipoli, incapables, malgré leurs efforts, de progresser vers l'objectif qu'est Constantinople. Dans des conditions intenables, la vie s'organise pourtant, présentant des caractères tout à fait étonnants. Les opérations se poursuivent ensuite en Macédoine, ou les combattants sont engagés face aux bulgares, dans des secteurs isolés de montagne ou de marécages. Ils sont amenés à évoluer, le plus souvent à pied, dans d'immenses espaces dépourvus d'infrastructures, profondément marqués par les conflits récents qui s'y sont déroulés. Ils y côtoient des populations hétérogènes, le plus souvent misérables. La vie à Salonique, port d'arrivée et poumon de l'expédition, est largement évoquée. Un malaise général se dégage de l'ensemble des commentaires qui trahissent une profonde crise d'identité. Sur le plan militaire, les efforts de ces combattants ne sont pas couronnes par les succès attendus. Ils s'interrogent sur leur mission, et vivent mal leur expatriation, sachant le territoire national menace, et inquiets pour leurs proches. Beaucoup sont touches par la maladie, en particulier par le paludisme. Artisans de la première percée du front ennemi, à l'occasion de la bataille du dobropolje le 15 septembre 1918, ils supportent difficilement l'incompréhension par rapport à leur expérience qui s'est manifestée dans l'opinion publique. Ce traumatisme a généré des solidarités qui se perpétuent encore de nos jours à travers leurs descendants.