Thèse soutenue

Le blasphème entre l'Église et l'État (XIIIe-XVIe siècles)

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Auteur / Autrice : Corinne Leveleux-Teixeira
Direction : Albert Rigaudière
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire du droit
Date : Soutenance en 1997
Etablissement(s) : Orléans

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Puni de mort par la loi juive (lv. 24,16), ainsi que par la legislation justinienne, (novelle 77), le blaspheme, generalement confondu avec le "vilain serment" tout au long de la periode feodale, ne fit guere l'objet d'une attention particuliere du droit occidental avant le xiiie siecle. Beneficiant alors de la conjonction d'une reflexion scolastique en plein essor et du renforcement general des structures de l'autorite publique, il cessa a cette epoque d'etre exclusivement considere comme l'accessoire d'un mode d'engagement formaliste (le serment) pour glisser du plan des obligations contractuelles a celui des conduites delictuelles. Tandis que la pensee theologique contemporaine, notamment thomiste, entreprenait de le depouiller d'une partie de ses specificites verbales pour en faire un peche contre la foi, la legislation capetienne, initiee par philippe auguste et surtout par louis ix, le transformait en un crime severement sanctionne par des dispositions a la precision inhabituelle. Juristes et moralistes se firent abondamment l'echo de ces preoccupations nouvelles, s'accordant pour denoncer la gravite du vice blasphematoire ou l'importance des dangers qu'il faisait encourir a l'ensemble de la collectivite sociale, mais se revelant incapables d'en proposer une definition a la fois homogene et operatoire. Quant a la repression proprement dite, elle pose a l'historien de graves problemes d'evaluation et de methode, tant par la rarete des temoignages qu'elle nous a transmis, que par l'importance des filtres redactionnels utilises lors de la mise par ecrit des sentences des juridictions relativement indulgente pendant la plus grande partie de la fin du moyen age, elle parait toutefois s'etre tres sensiblement durcie au debut du xvie siecle, sous l'emprise energique des cours souveraines du royaume, desireuses d'utiliser cette incrimination fort vague pour combattre au mieux l'heresie protestante. Infraction construite, le blaspheme constitua des lors l'un des modes privilegies du controle des comportements sociaux et des croyances individuelles de la part d'un etat engage sur la voie d'un absolutisme triomphant.