Thèse soutenue

Le S. T. O. Dans la région de Nancy : une administration régionale face aux exigences allemandes en matière de main-d'oeuvre
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Auteur / Autrice : Jean-Pierre Harbulot
Direction : François Roth
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance en 1997
Etablissement(s) : Nancy 2

Mots clés

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Résumé

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Près de 640 000 français partent travailler en Allemagne entre l'automne 1942 et l'été 1944 dans le cadre de réquisitions de main-d'oeuvre décidées par le gouvernement de Vichy. Réunis depuis 1941 sous l'autorité d'un préfet régional, les trois départements de la Lorraine non annexée (Meurthe-et-Moselle, Meuse, Vosges) fournissent à eux seuls 24 500 hommes. Dans cette région industrialisée de la zone occupée, toutes les impositions sont satisfaites, sauf en 1944. Au total, 53 % des requis partent avant la mise en oeuvre de la loi du 16 février 1943 instituant le service du travail obligatoire et en application de la seule loi du 4 septembre 1942 sur l'utilisation de la main-d'oeuvre, le texte fondateur en matière de réquisitions. Au niveau régional ou départemental, les fonctionnaires français gèrent les départs avec efficacité, parfois avec zèle, mais selon des modalités qui ont varié. Leur activité est suivie de près par l'occupant qui manifeste souvent sa force tout en préservant certains secteurs industriels. Longtemps résignés, les lorrains se montrent davantage hostiles à la "déportation des travailleurs" à partir de mars 1943. Le nombre de réfractaires s'accroit alors mais seule une minorité rejoint la résistance. Après avoir connu en Allemagne des conditions de vie et de travail fort diverses, la plupart des requis reviennent au printemps 1945 dans un pays qui ne pense guère à eux. Avant même leur retour, une fédération nationale des "déportés du travail" a été fondée pour les réunir. Au début des années 50, le législateur refuse d'officialiser cette appellation qui est même interdite par la justice à la demande d'associations de déportés (concentrationnaires). Aujourd'hui, alors que leur nombre s'amenuise, les anciens requis restent très amers ; ils considèrent en effet que leur transfert en Allemagne a été voulu par l'état français et qu'il n'a pas été reconnu comme il aurait dû l'être.