Thèse soutenue

L'economie du croire : une anthropologie des pratiques alimentaires juives en modernite

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Auteur / Autrice : Sophie Nizard
Direction : Danièle Hervieu-Léger
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance en 1997
Etablissement(s) : Paris, EHESS

Résumé

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Ce travail s'inscrit au croisement des sciences economiques et des sciences sociales. Il part d'un constat economique, celui de l'extraordinaire croissance, dans les annees 70 a 80, d'un marche, qui vingt ans auparavant n'etait qu'embryonnaire : le marche des produits cacher. Il presente les enjeux d'une telle vigueur : enjeux religieux, symboliques et identitaires d'une part, enjeux economiques et de pouvoir d'autre part. L'etude des pratiques alimentaires juives en modernite, en tant que "fait social total", permet de saisir l'organisation materielle d'une consommation symbolique. L'alimentation, parce que symboliquement centrale en tant que pratique sociale, est un angle d'approche ideal pour une sociologie religieuse du judaisme. Les observations conduite dans le domaine de la cacheront informent sur les juifs de france en dehors de ce seul domaine, mais aussi sur la place de l'alimentation dans toute societe humaine. Cette these s'articule sur deux axes : d'une part croire-pratiques-identites et d'autre part economie-institutions-pouvoir. Les consommateurs, effectifs ou potentiels, dans leur pratiques et leurs representations, etablissent un certain rapport aux textes prescriptifs, face a cela, les acteurs economiques et institutionnels, agissent selon des normes de la tradition, mais aussi selon des logiques propres, logiques de survie financiere et de pouvoir. Ces imbrications se mettent en place pour produire une configuration particuliere nommee economie du croire. Ce concept rend compte de la facon dont deux rationalites, l'une religieuse, l'autre economique, se font face, tantot s'affrontant, tantot se renforcant l'une l'autre. Si l'ethique juive prone un equilibre ideal entre les interets economiques et la necessite d'une solidarite collective, assuree par la centralite accordee au don, qu'en est-il dans les faits ? n'y a-t-il pas une tentation du veau d'or, c'est a dire une inversion entre les fins et les moyens, entre l'ethique et la technique, entre l'objet et le sens ?