Thèse soutenue

Des essarts de Mojopahit aux rizières de la transmigration : migrations, colonisation agricole et terres neuves en Indonésie
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Auteur / Autrice : Olivier Sevin
Direction : Paul Pélissier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géographie
Date : Soutenance en 1996
Etablissement(s) : Paris 10

Résumé

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C'est en fonction du raisonnement tres simple selon lequel la naissance de fronts pionniers suppose d'abord l'existence d'un contraste marque entre regions tres peuplees et regions peu humanisees, puis une dynamique susceptible de conduire les populations des regions densement occupees vers les espaces demeures forestiers, que le probleme de la colonisation agricole en indonesie a ete aborde. Le premier livre rend compte du desequilibre demographique qui oppose java et bali aux autres iles de l'archipel. Ce contraste remonte a la nuit des temps; il s'est simplement transforme en desequilibre au xixe siecle sous l'influence du "systeme des cultures". Le deuxieme livre aborde les problemes lies a la dynamique des differents groupes. Il permet de relativiser l'ampleur des migrations javanaises, sundanaises et balinaises, d'en souligner le caractere tres recent, et de faire ressortir, a cote des facteur d'ordre economique, l'existence de mobiles d'ordre culturel trop souvent ignores. L'etude des migrations organisees ne se limite pas a l'etude de la transmigration. Il existe, en effet, une filiation entre le programme colonial de kolonisatie et le programme de transmigration de l'indonesie independante meme si les obj ectifs assignes a ces deux entreprises ont considerablement evolue avec le temps. Enfin, le troisieme et dernier livre traite de la place des terres neuves dans l'organisation de l'espace indonesien contemporain. Il permet de constater que les migrations n'ont eu un impact veritablement important qu'a sumatra. Chemin faisant un certain nombre d'idees recues ont ete remises en question. L'idee d'un "exceptionnalisme" javanais a ete fortement nuancee, de meme que l'idee selon laquelle ce serait la pression demographique insoutenable qui serait reellement responsable de l'exode de millions de paysans. Au final, la conclusion qui s'impose est que l'espace national indonesien se structure aujourd'hui de la meme facon que se sont structures en leur temps mojopahit et mataram. C'est en grignotant les espaces forestiers, en multipliant les domaines agricoles, puis en federant les clairieres entre elles grace a un bon reseau de chemins en terre, que s'est elaboree la royaute javanaise. C'est en reliant entre eux les villages neufs par un dense lacis de routes secondaires bien entretenues, que la foret recule dans les iles exterieures et que les provinces peripheriques sont progressivement integrees a la construction nationale.