Thèse soutenue

Linguistique de l'indicible : les récits du génocide

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Auteur / Autrice : Michael Rinn
Direction : Georges MoliniéMarc Bonhomme
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Linguistique
Date : Soutenance en 1997
Etablissement(s) : Paris 4 en cotutelle avec Université de Berne

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Le concept d'indicible, appliqué dans les récits du génocide, consiste à chercher l'adhésion du récepteur en énonçant un impossible persuasif par le vraisemblable. Le Premier chapitre constate que l'indicible conduit à une lecture intériorisée qui interdit une saisie de l'"intérieur" de l'univers SS. L'analyse sémantique de l'indicible proposée dans le deuxième chapitre démontre la valeur synonymique du concept étudié, ainsi que sa relativité dans le contexte donné. Le troisième chapitre, en étudiant la doxa historiographique actuelle, conclut que l'indicible occupe une position antinomique, à savoir qu'il provoque l'éclatement de la lisibilité du génocide. Pourtant,l'analyse sémiotique menée dans le quatrième chapitre démontre que la logique du récit n'en est pas altérée. Mais le rétrécissement de la structure binaire du modèle constitutionnel indique la dimension "ultra" de l'univers SS qui génère une co-présence de la non-mort et de la non-vie. Quant au niveau narratif,il figure des personnages posés devant le choix entre une mort physique ou psychique. Le cinquième chapitre consacré à la pragmatique analyse le niveau discursif des récits dans une perspective interactionnelle. Les recherches montrent que les échanges verbaux entraînent la mort du "co-énonciateur-déporté" par l'intéraction même. Les récits produisent des effets de réel à l'aide de différents procédés de dramatisations sous-jacents à la "négociation de la mort"(actes de langage indirects,mensonges,argumentation tronquée,. . . ). Le cas type des ironies analysé dans le cadre rhétorico-pragmatique du dernier chapitre montre que la norme argumentative de la "négociation de la mort" peut être rompue. Les tensions extrêmes provoquées par cette figure rendent illusoires toute lecture conventionnelle. Nous concluons que la "techné" de l'indicible consiste à sémantiser le caractère différent de l'univers SS. L'indicible, en actualisant les topoï du possible et de l'impossible, est a priori un non-lieu.