Thèse soutenue

Des communautés imaginées : l'idée de patrie en Grèce classique

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Auteur / Autrice : Violaine Sebillotte Cuchet
Direction : Christian Le Roy
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance en 1996
Etablissement(s) : Paris 1

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Le patriotisme des anciens est présenté dans la tradition, de Plutarque à Brasillach en passant par Chateaubriand, comme une référence. Rien ne justifie a priori cette idée sinon le présupposé implicite que la patrie est un concept anthropologique. Dans la tragédie attique, la patrie paraît très proche de la famille : origine géographique et généalogique se mêlent, la patrie est une façon de se représenter l'héritage du pouvoir et de dire l'attachement à la terre considérée comme maternelle. L'analyse de certaines expériences historiques empêchent cependant de croire en une patrie définie de façon naturelle et éternelle ; c'est l'occasion qui dessine tel ou tel visage de patrie. De la cité à la Grèce entière, le terme ne s'applique pas non plus uniquement à la forme politique qu'est la cité : la patrie est une rhétorique politique, la célébration d'une communauté quelle qu'en soit sa taille. L'imaginaire de la patrie est un fantasme politique : celui d'une famille pensée unie. Dans le cadre de la cité, certaines divinités jouent le rôle de parents de la communauté, affirmant la primauté de la filiation, alors que les "unités sociales" mettent l'accent sur la fraternité imaginée des citoyens-frères. L'espace de la cité porte l'empreinte de cette métaphore qui prend racine à Athènes dans le quartier ouest de l'agora. Au discours sur la cite-famille peut se substituer celui sur la citeoikos : le "sang commun" est abandonné au profit de la philia : femmes, metequesbatards, trouvent alors place dans la patrie-cité. De la patrie-famille à la patrie-oikos, il y a la distance qui sépare l'exclusivisme citoyen de l'ouverture à tous les participants de la cité : le céramique reflète ce double imaginaire.