Thèse soutenue

Hegel et les métaphysiques de la fondation : étude sur le développement de la rationalité dans la philosophie de l'idéalisme allemand

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Auteur / Autrice : Charles-Éric de Saint-Germain
Direction : Bernard Bourgeois
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance en 1996
Etablissement(s) : Paris 1

Résumé

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Catégorie clef de la logique hégélienne, la notion de fondement se trouve critiquée en tant que simple base ou condition, ainsi qu'il en va, par exemple, du je pense kantien, qui n'est qu'une préfiguration du concept hégélien puisqu'il se démontre incapable de se déterminer à partir de soi, en se posant comme le fondement de l'objectivité des catégories dont il est le principe génétique. Le moi absolu de Fichte semblerait pouvoir fournir le premier principe capable de fonder scientifiquement la philosophie comme système. Mais la démarche fichtéenne reste unilatéralement régressive, en sorte que fait défaut le côté progressif par lequel le fondement se démontre lui-même comme tel au cours même du processus circulaire ou il s'institue comme le véritable commencement. En tant qu'il se pose lui-même, le fondement se présente ainsi comme acte libre à l'égard de toute condition, raison pour laquelle la liberté, que Kant découvre dans l'autonomie inconditionnée du vouloir, apparait bien comme la "clef de voute" des systèmes de la subjectivité, permettant de même coup d'affirmer, avec Fichte, le primat de la raison pratique, c'est-à-dire du devoir-être sur l'être, que Hegel dénonce. Par ailleurs, on sait depuis Dant que la raison, dans sa différence d'avec l'entendement, se trouve en rapport avec l'absolu. De là cette nécessité, pour restaurer l'absolu postule au fondement de la division instaurée par l'entendement, d'intégrer la réflexion finie comme un moment de la vie de l'absolu, celui de la scission qui précède la réunification opérée par le syllogisme. L'inconditionné se présente alors comme un besoin de la raison, et c'est ce besoin d'un fondement nécessaire qui constitue le principe de la preuve cosmologique, dont Hegel propose une reformulation originale. L'exigence de fondation de la science s'accomplit ainsi dans une nouvelle conception de la méthode, dont la raison est le principe immanent. À ce sujet, aucune propédeutique philosophique ne semble pouvoir introduire valablement a la philosophie, qui ne peut commencer véritablement qu'avec elle-même. Ce constat rend également caduque l'importation d'une méthode extérieure à la philosophie pour comprendre la logique propre de celle-ci, l'ordre formel des raisons mathématiques ne pouvant que consacrer l'extériorité de la construction philosophique de l'absolu et du réel. La méthode comme "conscience à propos de l'automouvement du contenu", trouvera sa formulation ultime dans l'idée logique, qui se présente comme le fondement et le principe du système entier en son déploiement encyclopédique, où l'acte de fonder se détermine ultimement comme libération du réel par rapport à la logicité interne de la logique.