Thèse soutenue

La double illusion, la "Nouvelle critique" : une revue du PCF (1967-1980)

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Auteur / Autrice : Frédérique Matonti
Direction : Évelyne Pisier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politiques
Date : Soutenance en 1996
Etablissement(s) : Paris 1

Résumé

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C'est à partir d'une interrogation sur le rapport des intellectuels à l'autorité partisane que nous nous sommes intéressés à la nouvelle critique. Revue communiste intellectuelle, née dans l'orthodoxie en 1948, elle est devenue dès le milieu des années 60 et, en particulier lors de la mise en place de sa nouvelle formule en 1967, l'un des instruments de l'aggiornamento du PCF. Devenue progressivement critique à l'égard de la politique communiste après la rupture de l'union de la gauche, partie-prenante de la contestation des intellectuels en 1978, elle a été supprimée en 1980. Elle permet donc d'observer l'ensemble des rapports à l'autorité (coopération, obéissance, insoumission, hétérodoxie impalpable. . . ). Aussi, la thèse se propose non pas seulement de raconter l'histoire de la revue, mais grâce à une triple méthode (étude du contenu, enquête ethnographique, dépouillement d'archives inédites) d'étudier le lien particulier qui se tisse dans la conjoncture historique et intellectuelle des années 60-70 entre les intellectuels communistes et la fraction de la direction du PCF la plus engagée dans le processus de rénovation du parti communiste. Cet accord repose sur un "contrat implicite" entre les intellectuels et les politiques, favorise par les positions indissociablement sociales et intellectuelles des membres de la NC, positions qu'on s'est applique à éclairer. En échange de leur obéissance, de leur capacité à élaborer les thèses philosophiques, historiques ou sociologiques adéquates à la ligne définie par les politiques, et de leur participation active aux processus d'exclusion (affaire Garaudy), les intellectuels communistes accèdent alors au rôle de "conseiller du prince". Cette participation des intellectuels a la politique du parti permet de rompre avec le modèle du PCF comme institution totale. La suppression de la nouvelle critique permet enfin d'étudier la dernière modalité du rapport des intellectuels à l'autorité : l'insoumission. En effet, cet accord implicite des intellectuels et des politiques reposait sur des croyances politiques communes et unitaires. Il reposait plus profondément sur une illusion doublement partagée : la possibilité d'une rénovation interne du PCF. Dès lors que la fraction politique la plus engagée dans la politique d'ouverture renonce à cette stratégie, le contrat implicite ne peut que se briser.