L'éthique encratite, ses origines et ses résurgences philosophiques : contribution à une réflexion sur procréation et stérilité
Auteur / Autrice : | Bruno Jay |
Direction : | Jean-Jacques Wunenburger |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance en 1996 |
Etablissement(s) : | Dijon |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Maryvonne Perrot, Dominique Folscheid, Jean-François Mattéi, Jean-Jacques Wunenburger |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Le désir d'en finir avec un monde cruel où le mal est omniprésent a conduit certains à refuser de se reproduire. La venue du Christ, messie et sauveur de l'humanité, fournira un cadre de légitimité à une telle attitude : puisque le monde est sauvé, il n'est pas utile de continuer à procréer. C'est ainsi que le christianisme primitif donnera naissance à des mouvements qui ne cachent pas leur hostilité à l'égard de la procréation, il s'agit en particulier de ceux que l'on appellera les eneratites (du grec endrateia : "empire sur soi", "continence"). En marge de ce contexte gnostique et hérésiologique, la dévalorisation de la procréation semble être liée à l'émergence de la philosophie : Théophraste disait bien "il n'est pas opportun que le sage se marie". Cette conviction sera très présente dans la philosophie platonicienne, et elle sera dynamisée par une certaine éthique chrétienne, en rupture avec l'ancienne éthique juive fidèle au "croissez et multipliez", de la genèse. Mais cette idée ne sera pas l'apanage de la philosophie platonicienne et du christianisme primitif orthodoxe et hétérodoxe, elle resurgira avec force dans la modernité, notamment à travers le pessimisme existentiel d'un Schopenhauer ou d'un Sartre. Ce travail se propose donc de fournir un éclairage historique des arguments philosophiques et théologiques ayant présidé au surgissement d'une pensée hostile à la reproduction humaine.