Thèse soutenue

La France, Poincaré et la Ruhr (1922-1924)

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Stanislas Jeannesson
Direction : Georges-Henri Soutou
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance en 1995
Etablissement(s) : Paris 4

Résumé

FR  |  
EN

L'occupation de la Ruhr est une ultime tentative de la France pour améliorer à son profit le traité de Versailles sur ses deux points faibles que sont les réparations et la sécurité. La décision est prise dès août 1922 par Poincaré pour forcer l’Allemagne à payer, mais surtout pour obtenir la propriété de mines de charbon et pour relancer en Rhénanie une politique visant à créer dans la région un état autonome, en fait sous protection française. La France parvient en avril 1923 à surmonter le choc de la résistance allemande, et à développer sa politique dans la Ruhr et en Rhénanie, dans les domaines économiques, monétaires et politiques, en risquant l'isolement diplomatique. L'échec de l'entreprise est dû aux hésitations de l'automne 1923, quand on ne sait s'il faut soutenir le putsch séparatiste d’Aix-la-Chapelle ; à l'apparition du rentenmark, qui empêche au dernier moment la création d'une monnaie rhénane ; à l'arrivée au pouvoir du chancelier Marx, qui reprend en main la situation politique de l’Allemagne ; et à la crise financière qui frappe le franc et se révèle subitement en janvier 1924. Par son échec, l'occupation de la Ruhr marque la fin des ambitions rhénanes de la France, et met aussi un terme à une conception des relations franco-allemandes fondée sur des rapports de force bilatéraux. Mais elle débloque une situation fermée. Elle rend possible, à travers le plan Dawes et les accords de Locarno, la construction rapide d'une politique basée sur le dialogue et la négociation multilatérale, et la réinsertion de l’Allemagne dans le concert des nations.