Thèse soutenue

De la stratégie locale à la stratégie globale : la formation d'une identité de groupe chez Usinor : 1948-1986

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Auteur / Autrice : Éric Godelier
Direction : Patrick Fridenson
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance en 1995
Etablissement(s) : Paris, EHESS

Mots clés

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Résumé

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Comment naît un groupe industriel? Le cadre d'analyse s'applique à Usinor entre 1948 et 1986. Le choix d'une rupture technologique avec la construction des trains à bandes à Denain en 1948 et Montataire en 1950 donne à la nouvelle société un avantage concurrentiel. Jusqu'aux années 1970, l'investissement repose sur une logique locale. La construction d'installations plus coûteuses et plus grandes augmente la durée et la quantité de produits à vendre afin d'accélérer le retour sur investissement. Ceci rend l'entreprise plus sensible aux évolutions du marché. La forte croissance du marché des produits plats a permis à Usinor de se dispenser d'un important investissement commercial. En période de croissance, cette relative faiblesse commerciale n'apparaît pas. Lorsque les clients se font plus difficiles, elle se révèle en revanche tragique. Le raisonnement localise, qui valorise les solutions décentralisées et l'autonomie des usines est probablement un handicap. La complexité croissante des problèmes de gestion de production et du personnel pousse durant la seconde moitié des années 1960 à un lent accroissement des effectifs administratifs. La rationalisation administrative n'a donc pas suivi la rationalisation industrielle. La fusion entre Usinor et Lorraine -Escaut n'a pas abouti à la création d'une nouvelle structure alors que la société lorraine disposait, elle, de directions fonctionnelles avec un état-major étoffé. Cette structure décentralisée renforce le poids des ingénieurs et des cadres locaux. La crise de 1974-76 accélère la réalisation de l'investissement commercial et managérial. Elle aboutit à la création d'une structure beaucoup plus formalisée constituée d'une direction générale avec un état-major, de fonctions clairement établies et d'un niveau intermédiaire entre les usines et la direction générale nettement plus étoffé. Ceci touche les fondements et l'exercice du pouvoir des ingénieurs et cadres responsables de service. Les changements des années 1970 passent aussi par une transformation dans la logique des fonctions de l'entreprise.