L'utopie réactionnaire : épuration et modernisation de l'Etat dans l'Espagne de la fin de l'Ancien Régime (1823-1834)

par Jean-Philippe Luis

Thèse de doctorat en Lettres

Sous la direction de Gérard Chastagnaret.

Soutenue en 1995

à Aix-Marseille 1 .

mots clés

• Ferdinand -- VII (1784-1833) -- roi d'Espagne
• Politique et gouvernement -- Espagne -- 19e siècle
• Administration publique -- Réforme -- Espagne -- 19e siècle

Résumé

La dernière décennie de l'Ancien Régime en Espagne (1823-1834) n'est pas seulement une période de crispation réactionnaire. Elle voit aussi se développer une modification en profondeur de l'appareil d'Etat. La crise des finances publiques, qui amène une politique de réduction des efftectifs, ainsi que la grande épuration des années 1823-1832 marquent la fin de la puissance de l'administration du siècle des lumières. Apparaît alors le symbole de la fonction publique espagnole du dix-neuvième siècle : l'employé mis à pied (le "cesante"). Dans le même temps, des réformes profondes touchent l'administration. D'inspiration centralisatrice et rationalisatrice, elles sont menées par des individus formés à l'école du despotisme éclairé. Des institutions nouvelles sont créées (conseil des ministres, ministère de "fomento") et une refonte générale des carrières du personnel débouchant sur la formation des corps est entamée. De ce double mouvement, déstabilisation et réforme, émerge une nouvelle administration qui annonce l'état libéral : faible, corrompu et inefficace, derrière une image centralisatrice et autoritaire

Titre traduit

The reactionary utopia : purge and modernization of the state in spain at the end of the ancient regime (1823-1834)

Résumé

The last decade of the ancient regime in spain (1823-1832) was not only a time of reactionary tension. It was also a period of profound change in the state machinery. The crsis in the public finances which brought a policy of steff cuts, as much as the great purge of years 1823-1832, marked the end of the powerful administration ofthe age of enligthenment. The dismissed employee (the "cessante") symbolized the nineteenth century spanish civil service. At the same time, important reforms took place in the administration. Prompted by the idea of centralization and rationalization, they were carried out by individuals schooled by enlightened despotism. New insitutions were created (the cabinet, the ministry of "fomento") and at the same time there was a general overland of prefessional advancement which led to the construction of corps. From this double trend, destabilization and reform, a new administration foreshadowing the liberal state emerged : concealed behind its facade of authority and centralization