Le théosophe et la sorcière : deux imaginaires du monde des signes : études sur l'illuminisme saint-martinien et sur la démonologie

par Nicole Jacques-Lefèvre

Thèse de doctorat en Sciences des textes et des documents

Sous la direction de Georges Benrekassa.

Soutenue en 1994

à Paris 7 .

mots clés

• Saint-Martin, Louis-Claude de (1743-1803)
• Démonologie
• Illuminisme
• Nombres -- Aspect symbolique
• Théosophie

Résumé

This work analyses two little-known models of an unquiet representation of the world, constructed on what is the relative fringe of the dominant systems of the time and yet engaged in a dialogue with them : that of the demonologists (theologians, jurists, physicians) in the renaissance and, in the eighteenth century, that of the theosophist l. Cl. De saint-martin. These texts are studied both in their specificity and in the way they echo each other. Presented by their authors as discourses of knowledge about the divine, the world, man and his destiny, they are founded upon a particular deciphering of the world's ings and of human speech. Examining the status of the visible and the relation of speech to truth, they emphasize the possible confusion between illusion and reality, and the metaphysical struggle of which the universe and especially man are both the locus and the main actors. Characterized by a blend of theory and muth, and even involuntary fictional creation, these texts also question the problematic status of the human subject, developing figures and narrative patterns which acquire an undeniable poetical strength, chiefly the witch, the diabolical pact and the sabbath, and the "man of aspiration" whose progressive divinisation is inseparable from universal regeneration. Finally, this work brings out the constants but also…

Titre traduit

The theosophist and the witch : two imaginary representations of the world of signs : Sudies on Saint-Martinian illuminism and on daemonology

Résumé

Ce travail analyse deux modèles peu connus d'une représentation inquiète du monde, construits à la fois relativement en marge des systèmes dominants de leur époque et en dialogue avec eux : celui, à la renaissance, des démonologues (théologiens, hommes de loi, médecins) et celui, au siècle des lumières, du théosophe l. -cl. De Saint-Martin. Ces textes sont étudiés dans leur spécificité et dans la manière aussi dont ils se font écho. Donnés par leurs auteurs comme des discours de savoir sur le divin, le monde, l'homme et sa destinée, ils s'appuient sur un déchiffrement particulier des signes du monde et de la parole humaine. S'interrogeant sur le statut du visible et sur la relation de la parole à la vérité, ils mettent l'accent sur la confusion possible de l'illusion et du réel, et sur la lutte métaphysique dont l'univers et, surtout, l'homme, sont à la fois le lieu et les acteurs privilégiés. Caractérisés par un mélange de théorie et de mythe, voire d'involontaire création fictionnelle, ces textes posent aussi la question du statut problématique du sujet, en élaborant des figures et des scénarios qui acquièrent une indéniable force poétique : la sorcière, le pacte diabolique et le sabbat, "l'homme de désir" et sa divinisation progressive, inséparable d'une régénération universelle. Ce travail montre enfin les constantes mais aussi les différences de plusieurs types "d'écriture démonologique", et dans l'analyse de Saint-Martin, met l'accent sur la philosophie et la poétique du langage.