Cioran, entre job et le catharisme : les pouvoirs depositaires de l'universel et la priere non-concue

Cioran, between job and catharism : the powers as trustees of the universal, and the non-conceived prayer

• Auteur / Autrice : Roland Poupin
• Direction : Franck Tinland
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Philosophie
• Date : Soutenance en 1994
• Etablissement(s) : Montpellier 3

Résumé

Ce travail vise a degager en quoi cioran participe de la tradition religieuse occidentale, et ce par quoi il se distingue de cet heritage : la tradition biblique, signifiee ici par job, et le christianisme medieval, exacerbe en dualisme. Cioran fait siennes les protestations et les investives d'un job contre son exil dans la douleur, signifie ici par le pouvoir babylonien. Mais il ne le suit pas pleinement : la revolte de job n'est pas sans relever d'une esperance, debouchant sur l'assomption de l'histoire. Cioran ne voit dans l'histoire qu'intensification du malheur, exemplifie typiquement dans le pouvoir de la chretiente. Ce nouvel approfondissement d'un exil des lors plus universel car refere au dieu unique par l'eglise qui le gere, entraine l'exacerbation des dualismes gnostiques dans le catharisme, fixe au nom d'un outre-monde ideel dans une contestation de la creation. Cioran faisant sienne cette negation, refuse cependant aussi, en homme moderne, les outre-mondes. Le refus des esperances hors du monde a tourne la raison vers le temps pour y realiser la fin d'une histoire ou les pouvoirs en consacreraient l'universalite. Cioran exprime ici un constat : pour l'homme a present dechu du temps, l'exil est devenu total.

This work aims to perceive how cioran participates in western religious tradition and how he differenciates himself from that inheritance : the biblical tradition, here signified by job, and medieval christianity, exacerbated in dualism. Cioran appropriates the protestations of job against his exile in pain, signified here in babylonian power. But he does not follow him entirely : job's revolt is not without any hope, leading to the assumption of history. Cioran sees in history only intensification of misfortune - typified through the power of christendrom. This deepened exile, thus more universal because of its being attributed to the one god by the church managing him, leads to the climax of gnostic dualism in catharism, fixed in the name of an other world in its opposition to the creation. Cioran appropriates this negation. Yet, as a modern man, he also refuses other worlds. The refusal of hopes outside the world, turned reason toward time to fulfil in it the end of a history where powers would consecrate its universality. And cioran here records that for man, now fallen from time, exile became total.