Thèse de doctorat en Études slaves et Est-européennes
Sous la direction de Georges Charachidzé.
Soutenue en 1993
à Paris, INALCO .
Formée à la fin du siècle dernier sur les restes de l'Empire ottoman, la Turquie nouvelle dut créer un Etat-nation sur la base d'une population dont l'homogénéité ethnique n'était pas réalisée. Elle le fit en suivant une politique nationaliste et en créant une culture nationale, inspirée des données recueillies auprès des populations considérées comme plus turques et retransmise sur l'ensemble du territoire, notamment vers les populations musulmanes non-turques. Cette rediffusion n'a toutefois pas pu être accomplie en totalité. Notre propos a été, après avoir défini le modèle culturel et considéré l'impact réel de ces politiques, de voir comment cette identité s'est forgée chez les réfugiés du Caucase, quelle fut leur stratégie d'intégration, et enfin et surtout d'essayer de cerner ce qui unit ces populations entre elles. Pour ce faire, notre travail a reposé sur l'étude comparative de l'éolution des pratiques alimentaires dans deux villages : l'un de nomades sédentarisés (région de Denizli), l'autre (région d'Akçakoca) de réfugiés du Caucase et de populations originaires de la région de la mer noire orientale, ayant émigré à la fin du siècle dernier. Dans cette comparaison, nous avons également privilégié l'étude diachronique, afin de cerner le plus exactement possible les évolutions ayant eu cours dans les deux villages. Le choix de la cuisine est justifié par le fait que les politiques ne l'ont considérée comme objet cuturel de dimension nationale que très récemment. Il ressort de l'étude minutieuse du traitement des événements que ce qui semble unir ces populations est avant tout le fait d'être musulman, mais il apparaît également que maintenat, et seulement maintenant, l'homogénéisation culturelle de la Turquie peut être considérée comme accomplie.
The evolution of food and foodstuffs in Turkey : comparative analysis
The Turkish Republic, created at the beginning of the twentieth century, has been based on an heterogeneous ethnic population. Just like it appeared in the majority of the new nations in the Balkans, the politics have created a new culture, inspired of the folkloric data gathered from populations known as more 'Turks' and diffused in all the territory, especially to the non-Turkic populations. However, in Turkey, this rediffusion has been realised only partially. Our aim was first to describe what sort of model was established, how the refugees (mainly from the Caucasus) have integrated this new identity, and what was the common denominator for these two types of populations (Turks and non-Turks). Our study was based on a comparison of two villages, one of them was composed of sedentarised nomads and the other one by refugees from the Caucasus. This comparison have been made also in a diachronic viewpoint, in order to define exactly the evolutions which appeared in both villages. We have choosed food and foodstuffs as material just because they were not used as a 'national material' until recently. As a result of our study, we can say that these populations regard themselves mainly as Muslims. However, it would appear also that only for some couple of years, Turkey has achieved its cultural homogenization.