Thèse de doctorat en Lettres
Sous la direction de Bernard Bourgeois et de Bernard Bourgeois.
Soutenue en 1992
à Paris 1 .
Le philosophe a toujours voulu conseiller le prince. Cette volonté, contestée, contestable, sera étudiée à travers l'analyse d'un conflit majeur qui structure l'histoire de cette réquisition philosophique. Le service du conseil ne se peut revendiquer comme un privilège de droit que si le conseiller parle le langage de l'universel. Il permet ainsi à chaque libre-arbitre qui l'écoute et le suit, de faire face à la contingence, l'incertitude, la finitude qui paralysent la réalisation historique des fins d'une humanité accomplie. Son autorité tient à sa capacite reconnue de traduire la voix du principe naturel et divin à la source de l'ordre. Cette voix de l'ordre est déposée dans un livre unique et total qui assigne à chaque liberté sa place et sa fonction dans la totalité harmonique que constitue l'ordre du monde. Plusieurs bibles prétendront détenir et exprimer la voix de l'universel ordonnateur : bibles de l'idée, de la nature, de la grâce, de la raison, de la conscience. Plusieurs conseillers émergeront et se combattront pour occuper cette fonction stratégique du service de l'universel qu'est le conseil : le philosophe-demiurge, le prêtre, le noble notable, l'expert, l'influent objecteur (de conscience). Mais la concurrence des bibles entraine leur relativisation. S'il n'est plus de voix de l'universel déposée dans le livre, il n'est plus d'ordre, plus d'autorité, plus de conseil. L'homme est-il alors condamné au seul combat des intérêts particuliers, à l'hégémonie des rapports de force ? Que peut faire le philosophe s'il veut toujours assumer le requisit du conseil qui le définit ? Des bibliothèques…
The philosopher, adviser to the prince : a new figure (17 - 18 centuries), the travelling librarian
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The philosopher has always wanted to give advice to his prince. This contested and contestable wish, will be studied through analysis of a major conflict which structures the history of this philosophical arraignment. The giving of advice can only be considered as an automatic privilege if the giver of advice speaks in the language of the universal. He thus enables the listener who follows his advice, in the exercise of his free-will, to deal with contingencies, uncertainties and finitude which paralyse the historical fulfilment of full human ends. His authority comes from his acknowledged capacity to translate the voice of natural and divine law to the source of order. This voice of order is lodged in a single, all-embracing book which assigns to each freedom its place and its function in the harmonious whole constituted by the world order. Several bibles will claim to possess and express the voice of the universal giver of order : the bible of ideas, of nature, of grace, of reason, of conscience. Several advisers will emerge and will fight to occupy this strategic function of advising in the service of the universal : the philosopher-demiurge, the priest, the important nobleman, the expert, the influential objector (on the grounds of conscience). But the competition between bibles leads to a devaluing of all of them. If no universal voice is lodged in the book there can be no order, no authority, no advice. Does this mean that man can do no more than fight sectarian interests, struggling against the hegemony of prevailing forces ? What can the philosopher do if he persists in requiring the conclusion which defines him as adviser ? Libraries…