Thèse de doctorat en Histoire
Sous la direction de Maurice Agulhon.
Soutenue en 1991
à Paris 1 .
Mise en place en 1852 pour contrôler le suffrage universel rétabli dans son intégrité, la candidature officielle a fait l'objet d'une véritable doctrine. Elle a cherché à renouveler le personnel politique, en confiant à des préfets plus ou moins efficaces le soin de choisir des candidats, à la fois dévoués et proches de l'électorat. Le gouvernement s'est ensuite efforcé de favoriser l'enracinement de ses députés, par la distribution de mandats locaux et de décorations, quitte à les transformer, à la fin du second empire, en professionnels de la politique vieillissants. Entre 1852 et 1869, le caractère des campagnes électorales s'est modifié. Au début, la pression administrative permet, grâce à des moyens très variés, de diriger les élections. Mais, peu à peu, les candidats officiels apprennent à prendre en charge leur propre campagne, tandis que les opposants, aguerris par des années de luttes difficiles et profitant de l'évolution libérale du régime dans les années 1860, sont de plus en plus nombreux et actifs. Les obstacles rencontres les poussent à passer d'une campagne de notables à une campagne populaire, même si ce n'est pas sans dérives démagogiques. Différentes selon les camps, les campagnes ont tendance à devenir plus homogènes. Enfin, le peuple apprend à voter. Soumis aux critiques de plus en plus précises de l'opposition, le gouvernement, après avoir encouragé à son profit les pressions des présidents de bureaux électoraux, veille à garantir une plus grande sincérité du vote : construction de mairies, urnes, respect des horaires, meilleure distribution des bulletins, etc… Les comportements électoraux évoluent : les résultats sont de mieux en mieux acceptés, malgré les troubles de 1869, et une étude statistique semble montrer une moindre pression de la communauté villageoise sur les individus, même si les votes restent plus disperses dans les villes que dans les petites communes.
Official conddature and electoral practices under the Second empire (1852-1870)
Established in 1852, by Louis-Napoleon's ministries to influence the results of universal suffrage, the system of official candidature was based on an absolute doctrine. It tried to support new men. The prefects received the order to choose candidates at once loyal and popular. Then, the government favoured the implantation of its deputies, by local mandates and decorations. But, this option led to an ageing corps legislatif. Between 1852 and 1869, the nature of election campaign has changed. During the first years, the administrative pressure, with varied means, controlled the elections. But, the official candidates learnt to organize their own campaign. The opponents, become hardened by years of difficult fights, are more and more numerous and active. The obstacles push them to pass from a leadership to a popular campaign, even some candidates use corruption. At least, the electors learnt to vote. After pressures brought to bear on them by the poll chairmen, the government has guaranteed a better sincerity of elections : building of city halls, ballot boxes, harmonization of ballots, etc… The voting behaviors also changed: the country people tends to become more independent from the village community.