Thèse de doctorat en Études anglaises
Sous la direction de Yvon Tosser.
Soutenue en 1990
à Brest .
Les personnages d'Ian McEwan sont influencés par le mythe. Les mythes du patriarcat, de la religion, de la sexualité avec ses tabous, du pouvoir illustré par l'état, la police et l'armée jouent un rôle important au sein de ses romans et nouvelles. Le couple idéal, la beauté idéale, la politesse, l'argent, la notoriété, le voyage, le passé avec ses lois ancestrales sont les normes mythiques à respecter. Dans cet univers, la maladie et la mort dérangent. La plupart des protagonistes sont des enfants ou des adolescents dont la liberté est contrecarrée par le soleil qui symbolise le père. Presque tous les personnages souffrent dans cette atmosphère étouffante. De plus, il existe une totale inadéquation entre eux et la société. McEwan insiste sur leurs fantasmes, leurs névroses, le travail du deuil ainsi que sur les notions de désordre et de solitude. A cause de ce malaise, ils se sentent exclus et créent leur propre bonheur en s'adonnant à la boisson ou à la drogue, en fumant, grace à la musique, au yoga etc. . . Ils souffrent de l'absence d'amour. Ce vif désir d'être aimés les pousse à essayer de sortir de leur solitude mais cette tentative les conduit à détruire l'innocence, la beauté et le sacré. En fait, ils trangressent les lois et les tabous. Le viol, l'inceste, les relations lesbiennes, le sadomasochisme, la peur de la procréation, la jalousie, la violence, le meurtre, la misogynie et la castration sont là pour illustrer leurs frustrations, leur besoin d'être aimés aussi bien que l'abus de pouvoir et d'autorité. Les armes stylistiques de McEwan sont la connivence entre décor et personnages, le suspense et l'ironie aussi bien que l'utilisation de l'argot et de métaphores. McEwan cultive l'ambigüité, le silence, l'obsession et le non-dit de par son style. Les personnages donnent l'impression de porter un masque permanent. Ils semblent en fait voués à l'échec car ils n'acceptent pas la réalité ni ses limites. Ils vivent dans un monde imaginaire qui les empêche de communiquer avec autrui. Comme ils ne s'acceptent pas et qu'ils ne s'aiment pas, ils ne peuvent pas aimer ni être aimés en retour.
The imaginary world in Ian McEwan's work
McEwan's characters are influenced by myth. The myths of patriarchy; religion; sexuality and its taboos; power as illustrated by the state, the police and the army, all play an important part in his novels and shorts stories. The idea couple, the ideal of beauty, politeness, money, the desire to make a name for oneself, travelling and the past with its ancestral laws are mythical values to be respected. Illness and death disturb. Most of the protagonists are children or teenagers whose freedom is curbed by the sun which symbolizes the father. Nearly all the characters suffer in a sultry, stifling atmosphere. Moreover, there is a total inadequacy between them and society. McEwan emphasizes all their phantasms and neuroses, the work of mourning as well as the notion of desorder and solitude. They feel exclused and create their own world of happiness by indulging in smoking, drinking, or through drugs, music, yoga etc. . . They suffer from the absence of love. This hankering ofter love pushes them to try to escape solitude but in the attempt they destroy innocence, beauty and all that is sacred. In the process, they trangress laws and taboos. Rape, incest, lesbian relationships, sadomasochism, the fear of procreation, the thirst for knowledge, the failure to become a father, jealousy, violence, murder, misogny and castration are all present to illustrate their frustrations and their need to be loved as well as the abuse of power and the misuse of authority. Mcewan's main stylistic devices are pathetic fallacy, suspence, and irony as well as the use of slang or metaphors. Thanks to his style, ambiguity, silence and obsession pervade the whole work. Some secret is always hidden behing the words and the characters who in turn seem to wear a permanent mask. In fact, the characters appear to be doomed for they cannot accept reality and its limits. They desperately try to transcend time and space. They live in an imaginary world which prevents them from communicating with the people arround them. As they do not accept themselves, nor love themselves, they cannot love nor be loved in return.