Auteur / Autrice : | Joseph-Achille Mbembe |
Direction : | Catherine Coquery-Vidrovitch |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Soutenance en 1989 |
Etablissement(s) : | Paris 1 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
De tous les territoires d’Afrique noire sous contrôle français, le Cameroun fut le seul ou s'organisa un mouvement de lutte armée pour l'indépendance, connu dans la région de la Sanaga maritime sous le nom de Nkaa Kunde (procès de l'indépendance). Mais la mémoire des luttes anticoloniales a été contrainte à la clandestinité. La présente étude insiste sur la dimension traumatique de l'évènement colonial, et prend acte du fait que les catégories classiques de l'historiographie africaine ne suffisent pas à l'interpréter, car l'histoire de la colonisation au Cameroun fut avant tout une histoire du pouvoir. Derrière ce qu'on a appelé les "résistances", la "collaboration" ou le "nationalisme", se cachent des mouvements de recomposition des intelligibilités, des intérêts, des identités, des langages; la construction de nouveaux systèmes de valeurs et d'idées, de nouvelles traditions aspirant à l'hégémonie sur le champ colonial, et qui, de ce fait, entraient en conflit avec l'ordre colonial. Ce mouvement et les pratiques culturelles qui le supportèrent (leurs langages, leurs symboles, leurs conceptions du temps. . . ) étaient donc des pratiques éminemment politiques qu'une analyse se limitant aux seuls aspects formels et institutionnels du pouvoir ne suffit pas à rendre compte, ni d'ailleurs l'explication par un facteur unique qui aurait prévalu sur tous les autres. En tentant de déconstruire à travers l'union des populations du Cameroun l'hégémonie coloniale, le Nkaa Kunde et le maquis qui en résulta apparaissent bel et bien comme une contre-culture, une "religion civique". . .