Thèse de doctorat en Études ibériques
Sous la direction de Jean Coste.
Soutenue en 1988
à Paris 10 .
1930 : après sept années de dictature de primo de rivera l’Espagne connait un climat de difficultés politiques et économiques avec le contrecoup de la crise de 1929. L'agriculture prédomine et une sècheresse exceptionnelle entraine l'absence de récolte d'olive et fait ressortir l'injustice du système latifundiaire. Dans les régions de monoculture du sud, les journaliers sans ressource sont réduits à la misère et la presse libérale met en accusation le régime. A travers les nombreux articles consacrés au monde rural apparait une société divisée en deux blocs antagonistes : grands propriétaires souvent absentéistes et journaliers sans terre. En avril 31, aux élections municipales la République triomphe soulevant un immense espoir, l'ensemble de la presse reconnait l'urgence d'une réforme agraire, mais très vite l'agitation reprend, les anarcho-syndicalistes passent à l'action et la succession de projets de réforme agraire, non suivis d'effets, contribue à la déception des masses. Toutefois des décrets modifient le rapport de forces en accordant aux ouvriers certains droits. Deux épisodes sanglants marquent l'échec de la République : en janvier 32 l'assassinat sauvage de gardes civils à Castilblanco, village perdu d'Extremadoure, par les paysans montre brutalement l'abime qui sépare l’Espagne rurale analphabète de celle des villes et un an plus tard, en janvier 33. La répression féroce du soulèvement anarcho-syndicaliste à Casas Viejas (Cadix) par la garde d'assaut créée par la République. Le discours quotidien change, de la bienveillance au départ face à un peuple mythique, la presse libérale passe de l’éloge de l’ordre. La montée de la violence oblige l’ensemble de la presse à montrer son vrai visage de presse bourgeoise, faite par des citadins et destinée à des lecteurs des villes effrayés. En avril 1933 : les élections municipales sont un signe de l’échec du gouvernement Azana qui démissionne en septembre.
The image of agrarian Spain in the press from January 1930 to April 1933
1930: after seven years under primo de Rivera’s dictatorship Spain was involved in political and economic problems in the aftermath of the stock-market crash of 1929. Agriculture dominated the economy and a freak drought which ruined the olive harvest served to underline the injustice inherent in the system of land tenure. In the monoculture regions of the south agriculture laborers found themselves destitute, and the liberal press laid the blame on the regime. Through the numerous articles concerning the rural world appears the image of a society divided into two blocs: large landowners, many of them absentees, and landless laborers. The republican victory in the municipal elections of April 1931 brought an immense wave of hope, and the press unanimously recognized the urgent necessity for agrarian reform, but unrest soon broke out again, anarchists and trade unionists engaged in violent demonstrations, and a succession of projects for agrarian reform, planned but never implemented, contributed to increase disillusionment among the laborers. Nonetheless, legislation helped modify the balance of power by giving certain rights to land workers. The failure of the republic was marked by two bloody episodes : the savage murder in January 1932 of civils guards by the peasants of Castilblanco, a remote village in Extremadura, showed the gulf which separated illiterate rural Spain from the urban culture : a year later, an uprising by anarchists and trade unions in Casas Viejas (Cadiz) was brutally put down. The tone of comment in the liberal daily papers changed from support for a mythical people to an apology of order an d repression. Increasing violence obliged the press to reveal its bourgeois character, as an urban product designed for city dwellers terrified buy rural interest. In April 1933 the municipal elections reflected the failure of the Azane government, which was obliged to resign in September