Thèse de doctorat en Études anglaises
Sous la direction de Jacques Aubert.
Soutenue en 1988
à Lyon 2 .
La question ici posée, celle du pourquoi de l'écriture, exige la prise en compte de la dualité de l'œuvre, de l'oscillation constante de V. Woolf entre critique et fiction. L’analyse préliminaire d'un texte expérimental relevant de l'essai et de la fiction et, sur le plan de l'écriture, de l'idéologique et du poétique, permet de définir les grands axes de la réflexion développée par la suite. La première partie, centrée sur l'œuvre critique, permet de dégager, au-delà d'une théorie fondée sur le principe que tout texte procède d'autres textes, la forte valorisation imaginaire des notions d'héritage et de filiation littéraires, l'obsession de la continuité et d'un ancrage indéfectible dans une tradition spécifiquement anglaise. Est mise en évidence la fonction sécurisante d'une démarche critique qui s'éclaire de sa mise en rapport avec le contexte de l'après-guerre et avec l'histoire personnelle de V. Woolf, et s'avère indissociable de sa démarche parallèle d'écrivain moderniste. Rupture de l'ancrage référentiel et mise en liberté du signifiant caractérisent l'écriture de fiction de V. Woolf, ainsi qu'il apparait dans la seconde partie, consacrée à l'analyse du fonctionnement d'un texte exemplaire ("the Windows"). Enfin, la troisième partie étudie l'œuvre romanesque dans son rapport au désir qui l'a suscitée, et vise à éclairer la finalité de la quête poursuivie par V. Woolf, de son premier à son dernier voyage dans l'écriture.
Virginia Woolf : Tradition and rupture
This study raises the question of the finality of V. Woolf's writing. The introductory analysis of an experimental text which is half essay half fiction, and as such illustrates V. Woolf's perpetual oscillation between two genres involving two antithetical modes of writing, helps clarify the main points at issue. The first part focuses on the critical work. It brings to light the imaginary appeal and reassuring nature of its underlying literary theory, and explores at various levels the significance of V. Woolf's increasing lack of sympathy for her fellow-writers, and growing obsession with the continuity and specificity of the english tradition. Her critical stance, her compulsion to anchor herself as reader and essay-writer in the literature of the past and to resort regularly to a purely ideological mode of writing bear a definite relation to her parallel activity as a modernist writer. Hence the second part of this study, which is designed to bring out the essentially 'poetic' nature of V. Woolf's alternative mode of writing, through a close analysis of an exemplary text of fiction: the first part of To the Lighthouse. Finally, V. Woolf's nine major works of fiction are examined in chronological order, as so many stages in a necessarily endless quest for subjective unity.