Thèse soutenue

Les figures du double chez Jean-Jacques Rousseau

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Claudine Chevallier
Direction : Pierre Kaufmann
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance en 1987
Etablissement(s) : Paris 10

Mots clés

FR

Mots clés contrôlés

Résumé

FR  |  
EN

Cette thèse se propose de relire l'ensemble de l'œuvre de Jean-Jacques Rousseau à la lumière du double. Qu’entendre par double ? Nous savons combien rousseau fut plus que sensible au paraitre, au voile, à l'ornement, au superflu dans ses écrits philosophiques. Cette "haine du double" ne se retrouvait-elle pas dans les écrits sur la musique et la botanique ? Partant d'un tel présupposé, ce travail analyse d'une part la théorie musicale de Rousseau et ses réalisations concrètes (le devin du village - pygmalion), et de l'autre les lettres sur la botanique. Ce travail tente de montrer que l'œuvre rousseauiste semble n'être qu'un vaste ensemble conçu et comme dénonciateur des figures du double et comme essai de mettre en place une "politique" de défense contre l'envahissement des signes mortifères, car le double lié au monstre est chez Rousseau, étroitement associe à la mort. En effet, en ce qui concerne l'homme civil, le paraitre "tue" l'être. En musique, les ornements, les trilles, le texte (francais) en désaccord avec la mélodie finissent par épuiser l'expression. Enfin en botanique, les fleurs doubles, monstres naturels, ne se reproduisent pas. Mais l'écriture elle aussi instrument du double et double puisqu'elle tente vainement de combler l'écart introduit par la parole défaillante ne peut qu'être dénoncée. C’est pourquoi ce combat impitoyable poursuivi par rousseau se retourne contre l'auteur. La plume indispensable le trahit ! En conclusion, ce travail se demande quelles éventuelles explications donner à cette horreur du double si manifeste dans toute l'œuvre. Deux tentatives de réponse sont proposées : une qui s'accorde avec la théorie psychanalytique : la haine du double proviendrait de la culpabilité liée à la mort de la mère de J. J. , mort qui le transforme en double vivant monstrueux, une qui est "historisante" et qui recherche dans l'influence genevoise et le protestantisme, la condamnation du superflu (perruques, miroirs, écriture) ce qui est certain, c'est que cette haine du double présente au cœur de l'écrit rousseauiste, semble préfigurer les œuvres des romantiques allemands sur le double.