Thèse soutenue

Deux phases distinctes dans la contribution syriaque à la transmission de la pensée grecque au monde arabe par le biais des traductions : remarques critiques sur une traduction artisanale des textes philosophiques
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Auteur / Autrice : Ibrahim Yonan
Direction : Pierre Thillet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance en 1987
Etablissement(s) : Paris 1

Résumé

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Quand les rapports des syriaques avec les grecs commencèrent à la suite de la conquête d’Alexandre et furent davantage consolidés avec le christianisme, la langue syriaque était, où est aussitôt devenue, surtout à Al-Ruha, assez mure pour l'expression de la pensée discursive grecque, y compris la philosophie et la théologie. Ainsi a commencé la première phase de la traduction des textes grecs en syriaque, c'est à-dire longtemps avant la prédominance de l'Islam et de son outil conceptuel, l'arabe, dans la région et plus loin. Cette traduction artisanale a souffert de plusieurs défauts à cause de l'absence des méthodes, mais aussi à cause de la différence du clavier culturel, vision du monde, etc. Quand la deuxième phase de la contribution syriaque a commencé avec l'avènement de l'Islam, les mêmes défauts ont subsisté, voire se sont compliques davantage, à cause de la traduction indirecte : du grec en arabe à travers le syriaque. Car, très souvent les décalques faits sur le grec en syriaque dans un premier temps ont été recalqués en arabe ensuite. Qui plus est, quand les traductions de ces textes arabes en latin ont eu lieu au haut moyen-âge à Tolède, Sicilie, et ailleurs, encore une fois l'inertie de décalquage et de transcodage a reproduit les mêmes fautes. Cela dit, on a signalé que cette expérience traductionnelle du peuple syriaque doit être replacée dans le cadre historique qui fut le sien. Il nous a apparu alors que la contribution syriaque à la transmission de la pensée grecque par le biais de traduction a été une réussite malgré tous ses défauts. Car, les "méthodes" empiriques élaborées à force de répétition ont fini quand même par être adéquates pour faire passer les idées. S'agissant de la traduction syriaque-arabe, le fait que les deux langues-sœurs sont très proches, surtout à l'époque, a rendu la traduction relativement facile. Enfin, on a tracé la péripétie de la pensée grecque à travers plusieurs langues jusqu'au latin au haut moyen-âge et la veille de la renaissance en Europe.