Thèse de doctorat en Histoire
Sous la direction de Jean Devisse.
Soutenue en 1987
à Paris 1 .
Dans les années 1875, les fils aines du roi Mwezi Gisabo étaient déjà majeurs. Il fallait leur trouver des territoires à gouverner au détriment de leurs oncles et d'autres princes de souche plus anciennes. Le tableau administratif du royaume s'alourdissait davantage ceci d'autant plus que ces princes qui rivalisaient ne se partageaient pas tout le royaume. Le roi avait sa province centrale qu'il administrait directement, les dépositaires des rituels dynastiques étaient autonomes dans des enclaves inviolables ; quelques fidèles du souverain avaient obtenu des commandements dans la périphérie nord-ouest. Les rivalités des princes pour contrôler chacun un territoire plus vaste que celui de son voisin ne trouvaient pas leur explication dans un simple déploiement d'une force de persuasion, la recherche d'un prestige économique y était pour beaucoup. Dans un pays totalement agricole, sans marches, sans grands courants d'échanges, le prestige économique était conféré par l'accumulation de bovins, de terres et de biens d'équipements. Il va sans dire que plus la population des administrés était nombreuse, plus le prestige était garanti. Le pressurage des sujets à travers les prestations en travail, les redevances en nature et les amendes, fort multiformes, justifiait le prestige des cours royales et princières. Les gouvernant d'origine roturière imitaient le mode de vie de leurs homologues, à l'exception cependant des ritualistes qui, groupés le plus souvent en familles dévolues à des cultes détermines, n'étaient pas concernés par les avantages d'un pouvoir temporel. Certes il y en avait parmi ces ritualistes dont le pouvoir personnalise était comparable à celui des princes, mais ce n'était pas la règle générale. Les ritualistes comptaient avant tout sur leurs propres bras pour vivre, mais le souverain leur offrait des cadeaux à certaines époques beaucoup plus pour les honorer que pour leur garantir un quelconque standing de vie. L'attachement des sujets à leurs maitres politiques était conditionne par deux choses essentielles : d'une part l'idéologie monarchique qui attribuait à la dynastie des compétences extraordinaires, et d'autre part la redistribution des biens qui valait à l'aristocratie les qualificatifs de généreuse, de bienveillante, mais comme les biens redistribues provenaient en grande partie des amendes, et que par ailleurs tous les demandeurs ne pouvaient pas prétendre aux mêmes cadeaux, l'attachement était une chose, la subordination une autre.
Economic foundations of political authority in burundi from 1875 to 1920
Pas de résumé disponible.
Cette thèse a donné lieu à une publication en 2001 par L'Harmattan à Paris
Le Burundi ancien : l'économie du pouvoir de 1875 à 1920