Thèse de doctorat en Etudes anglaises
Sous la direction de André Dommergues.
Soutenue en 1986
à Paris 10 .
Si Julian Huxley (1887-1975) est l'objet de cette thèse, c'est principalement parce que la pensée et l'action de ce biologiste polyvalent furent, d'une certaine manière, déterminées par le climat moral, culturel et social d'une période de l'histoire fertile en bouleversements. Au début de ce siècle, un nouvel humanisme devait être construit. Huxley prend une part active au projet, en sollicitant l'appui d'une interprétation scientifique des faits. Il entrevoit qu'une théorie sélective de l'évolution biologique, applicable à l'évolution psychosociale humaine, révèlerait une logique dans laquelle l'humanisme aurait sa place. Huxley fait, certes, l'effort de concilier le statut épistémologique particulier de la théorie synthétique de l'évolution avec celui des grandes théories physiques; mais il est plus convaincant lorsqu'il évite les faiblesses des tentatives trop précises de reconstitution de l'évolution pour donner une interprétation générale de la formation et de la progression du monde vivant. L'histoire des systèmes organiques s'en trouve heureusement élargie à une histoire des idées, dans laquelle l'humanisme Huxley en apparait comme un produit et un agent de l'évolution. Ce nouvel humanisme fait appel à la continuité ascendante de l'évolution biologique, dont il peut maintenir les critères positifs. Huxley fonde la valeur dynamique de l'innovation sur la vérité obtenue par l'expérience et l'intuition personnelles, ce qui implique la libération de l'esprit et de l'action, hors de l'enfermement dans des traditions fixistes; son humanisme s'assortit alors d'un projet de société, voire de civilisation, dans lequel l'homme peut trouver sa vraie destinée. Ni devin, ni prophète, Huxley a simplement pu synthétiser une somme considérable de connaissances intuitives et rationnelles, ce qui lui a permis d'anticiper certaines situations actuelles. Pour préserver l'équilibre et la paix du monde, Huxley propose des politiques préventives, fondées sur le contrôle de la croissance démographique, des ressources naturelles, et de l'éducation.
Julian Huxley : evolution and humanism
This thesis focuses its development on Julian Huxley (1887-1975) primarily because the thoughts and actions of this polymath biologist were to some extent determined by the moral, cultural, and social climate of an eventful period of history. In the early century, the need to develop a new humanism was felt. Huxley took an active part in this project, insisting that its foundation should be a scientific interpretation of facts. He realizes that a selective theory of biological evolution, extended to the psychosocial evolution of man, might reveal a certain logic which would include humanism. Huxley consistently strives to reconcile the specific epistemological status of the synthetic theory of evolution with that of the great theories of physics. However he is more convincing when instead of struggling with the precise way in which evolution has worked, he expresses a general view of the beginnings and progress of the living world. He thus advantageously enlarges the history of organic systems into a history of ideas, in which his humanism appears to be both a product and an agent of evolution. This new humanism refers to the ascending continuity of biological evolution, and is capable of preserving its positive criteria. To Huxley’s mind, efficient innovation springs from truth derived from personal experience and intuition, which implies liberation of mind and action, as opposed to confinement within fixit traditions. Huxley's humanism therefore includes a scheme for society, and even for civilization, in which man may find his true destiny. Neither an occultist nor a prophet, Huxley was simply an expert at making the synthesis of a vast amount of rational and intuitive knowledge he was thus able to anticipate some situations of the present time. In order to maintain world equilibrium and peace, he proposed a variety of policies based on control of demographic growth, of natural resources, and of education.