Thèse soutenue

La poterie au Cambodge : histoire et développement : essai d'ethno-technologie
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Auteur / Autrice : Roland Mourer
Direction : Georges Condominas
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Ethnologie
Date : Soutenance en 1986
Etablissement(s) : Paris, EHESS

Mots clés

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Résumé

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"Attestée depuis le néolithique, la poterie est encore actuellement fabriquée au Cambodge selon les mêmes procédés qu'autrefois. Au cours du temps, cette poterie rurale a côtoyé une autre forme d'industrie céramique techniquement plus élaborée et liée a un environnement citadin. L'archéologie angkorienne montre qu'il n'y a pas eu concurrence entre ces deux techniques mais plutôt complémentarité fonctionnelle. L'observation des techniques actuelles de fabrication pratiquées dans tout le Cambodge met en évidence, au-delà des diversités régionales, une homogénéité technique fondamentale. La poterie khmère est façonnée par martelage, sans tour et cuite sans émaillage sur des foyers de plein air. Sa décoration utilise principalement l'impression au battoir et l'incision. Cette poterie est fabriquée par des paysannes pour une clientèle paysanne. Les principales régions potières sont toutes situées dans la partie sud du pays dans des zones de peuplement ancien et fournissent en poterie tous les ménages ruraux du pays grâce a une commercialisation traditionnelle effectuée a la fois par le paysan lui-même et par le commerçant chinois. Dans les milieux citadins, une céramique techniquement plus évoluée, faite au tour, a pate grésée et émaillée, est fabriquée par des populations d'ethnie non khmère : essentiellement chinoise ou vietnamienne. Leur production est écoulée par des réseaux commerciaux entièrement domines par les négociants chinois. Dans les campagnes, la poterie villageoise représentée surtout par des récipients de conservation et de cuisson (en particulier le vase a eau et la marmite a riz), aux formes très étroitement adaptées a leur fonction et a l'esthétique marquée par le terroir, constitue une activité d'appoint a la riziculture et qui donne au ménage paysan les moyens d'échapper a la mainmise économique du boutiquier chinois. Malgré la pauvreté de leur technique, les potières khmères parviennent a faire une production de masse se chiffrant par centaines de milliers de pots par an. Le revenu rapporte permet au paysan d'améliorer son niveau de vie tout en participant davantage a la vie religieuse par l'augmentation de ses offrandes a la pagode. Ainsi, la poterie khmère issue du vieux fonds néolithique a perdure sans changement au cours du temps et sa vitalité économique exprime sa parfaite adéquation aux conditions socio-économiques d'une société restée encore très rurale. "