Auteur / Autrice : | Véronique Lefebvre des Noëttes |
Direction : | Éric Fiat |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie pratique |
Date : | Soutenance le 28/11/2016 |
Etablissement(s) : | Paris Est |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Organisations, marchés, institutions (Créteil ; 2015-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire Interdisciplinaire d'étude du Politique Hannah Arendt (Créteil) |
Jury : | Président / Présidente : Pierre Magnard |
Examinateurs / Examinatrices : Éric Fiat, Emmanuel Hirsch, Lionel Naccache, Dominique Folscheid | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Philippe Pierron |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
La philosophie nous dit Pascal ne vaudrait pas même une heure de peine si elle ne rendait la vie moins tragique. Quoi de plus tragique que la maladie d’Alzheimer ? Cette maladie neurodégénérative va modifier l’ identité sédimentée depuis la naissance qui s’étiole au point de ne plus reconnaitre les visages familiers, de se perdre dans des endroits familiers, et ne plus être capable de parler, d’exprimer ses émotions. Comment interroger le sentiment d’exister ? Comment révéler le souffle de l’esprit qui murmure encore une envie de vivre ? Pour se sentir exister ne faut- il pas non seulement ressentir des émotions, mais les analyser, les communiquer et méta-communiquer ? Mais quand il s’agit de malades d’Alzheimer qu’en est-il puisqu’ils sont de-mens ? Pour que l’esprit se manifeste nous prendrons des chemins de traverse dans cette sollicitation sensorielle : le goût sera réveillé par le goût des autres, le toucher par cette main noueuse dans la notre et le toucher du cœur, la vue par le regard et la perception de soi, l’odorat dans les parfums de la mémoire, l’ouïe par les sons, les cris, la parole, la prosodie et la musique qui berce les chagrins et qui nous émeuvent. Autant d’interrogations que de questions d’éthiques du quotidien: Esprit qui es-tu ? Esprit es-tu là dans ce visage figé? Esprit es-tu là dans ces mots qui butent ?, dans ces traits d’humour, dans ces rêves ? Esprit es-tu là dans ce corps qui lui aussi se délite ? Cet être précaire, fragile et vulnérable interroge les limites, les frontières, les confins entre la de-mens-folie et la démence dégénérative, la philosophie, l’anthropologie et les sciences humaines et les trois spécialités médicales que sont la psychiatrie, la neurologie et la gériatrie. C’est dans ce tissage imparfait, dans ce travail d’équilibriste qui interroge, les lisières de l’altérité que nous forgerons notre concept d’ontologie des confins. Riche de ces partages qui viennent interroger les liens de l’esprit et de l’âme, du corps et de la chair, notre travail proposera, à la manière kantienne une anthropologie philosophique des patients atteints de la maladie d’Alzheimer et tentera de répondre à ces quatre questions : Que puis-je savoir? Que puis-je faire et comment faire? Que m'est-il permis d'espérer ? En partant de ce que nous percevons mais aussi de ce que « nous apercevons» nous conceptualiserons une éthique des petites perceptions reprenant ici les théories de Leibniz qui accorde à l’humain « la potentialité de la raison, une certaine raison par intermittence, une raison à éclipse », que l’on peut retrouver chez les malades d’Alzheimer, au point qu’elle soit imperceptible pour la plupart des hommes.Alors esprit es-tu là? La réponse jaillit pleine de surprises et de joies dans ces pages.