Thèse soutenue

La mort en Égypte romaine

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Auteur / Autrice : Fanny Firon
Direction : Agnès Bérenger
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : HISTOIRE spécialité Histoire ancienne
Date : Soutenance le 21/10/2017
Etablissement(s) : Montpellier 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale 58, Langues, Littératures, Cultures, Civilisations (Montpellier ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherches interdisciplinaires en sciences humaines et sociales (Montpellier)
Jury : Président / Présidente : Éric Perrin-Saminadayar
Examinateurs / Examinatrices : Anne Gangloff
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Yves Carrez-Maratray, Bernard Legras

Résumé

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Définie à la fois comme un état, être mort, ou comme un passage, passer du monde des vivants à celui des morts, la mort dans les sociétés antiques influençait nombre de domaines de l’existence. Elle ne se limitait pas à son aspect quantitatif, c'est-à-dire démographique. La mort devait être gérée, non seulement par les proches du défunt, mais également par la cité et par l’État. Cependant, cette étude de la mort englobe aussi les manières dont elle était perçue et vécue par les individus. La mort était l'objet de croyances relatives à l'au-delà, qui concernaient le devenir du défunt, ainsi que la relation qui subsistait entre le défunt et sa famille, entre la communauté des morts et celle des vivants.La question de la mort dans la province romaine d’Égypte se pose d’autant plus que cet espace situé à la limite entre la partie occidentale et orientale de l’Empire continuait de subir des influences culturelles multiples (civilisation pharaonique, hellénistique, présence du judaïsme, naissance du christianisme...) et occupait une position stratégique au sein de l’Empire (domaine réservé du Prince, population multiethnique et relativement nombreuse...).En utilisant différents types de sources (papyrologiques, épigraphiques, archéologiques et littéraires) et en abordant la mort dans des aspects variés à la fois matériels et immatériels (des attitudes et gestes quotidiens face à la mort, aux croyances relatives à l’au-delà, en passant par les pratiques administratives et juridiques suscitées par un décès), il s’agit ici de montrer dans quelle mesure la mort était un régulateur des tensions et des appréhensions sociales dans une société caractérisée par des influences culturelles multiples. La démarche adoptée est scalaire.La mort est d'abord l'objet d'une étude à l'échelle de l’État. Le gouvernement romain gérait la mort en légiférant, en arbitrant les conflits liés au décès d'un individu et en imposant des pratiques administratives lui assurant un contrôle de la population. Mais l’État était aussi parfois celui qui orchestrait la mort, la mettait en scène ou y recourait volontairement afin de préserver l'ordre social.À l'échelle de la province romaine d’Égypte, la mort apparaissait comme le reflet d'interactions diverses. Elle cristallisait les différentes conceptions de l'au-delà, impliquant des gestes funéraires spécifiques, tandis que des particularismes locaux persistaient.Face à la mort, la cité – troisième échelle de notre étude – avait, quant à elle, clairement pour mission d'assurer l'ordre social. En cela, elle devait se prémunir de tout ce qui était susceptible de venir la souiller ou compromettre la relation entre la communauté des vivants et le monde des morts.Toutefois, la gestion la plus importante de la mort se faisait à l'échelle de l'individu et de sa famille. En raison d'une espérance de vie assez faible et d'un taux de mortalité élevé, la mort faisait partie du quotidien. Pour s'adapter à cette réalité, des individus anticipaient leur décès en rédigeant notamment des testaments. Dans tous les cas, la confrontation à la mort d'un proche provoquait des bouleversements auxquels il convenait de faire face et qui donnaient lieu, de la part des survivants, à des réponses parfois diamétralement opposées (conflits portés devant la justice, activation des solidarités intra et extra-familiales sous différentes formes).