Thèse soutenue

La diplomatie traditionnelle des Atègè du Gabon

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Auteur / Autrice : Catherine Mouandjouri
Direction : Éric Navet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences sociales
Date : Soutenance le 22/06/2015
Etablissement(s) : Strasbourg
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences humaines et sociales – Perspectives européennes (Strasbourg ; 2009-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Sociétés, acteurs, gouvernement en Europe (Strasbourg ; 2013-....)
Jury : Président / Présidente : Roger Somé
Examinateurs / Examinatrices : Joseph Tonda, Elikia MBokolo
Rapporteurs / Rapporteuses : Antigone Mouchtouris, Fouad Nohra

Résumé

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Mon étude porte sur la diplomatie en Afrique, elle vise notamment l'analyse du phénomène diplomatique dans les sociétés traditionnelles d’Afrique centrale. En partant de l’exemple des Atègè du Gabon, je m’intéresse aux mécanismes de prévention et de résolution des conflits dans l’Afrique précoloniale et de la transposition desdits mécanismes dans le contexte actuel. En effet, l’Afrique est perçue aujourd’hui comme un continent « non- diplomatique » c’est-à-dire comme le continent de la guerre et des conflits armés. J’aborde les rapports entre les sociétés traditionnelles d’Afrique, dans une perspective nouvelle, qui réfute l’idée répandue par des nombreux auteurs et observateurs selon laquelle les rapports entre ces sociétés ont toujours été conflictuels. L’idéologie de la violence en Afrique mérite d’être abordée et observée avec un regard éclairé. Pour reprendre une expression chère à Marc Augé, je dirai que la situation de conflits en Afrique contemporaine est un « non-lieu », dans le sens où les transformations excessives des conflits modernes ne sont ni l’apanage, ni le propre de l’Afrique ; elles appartiennent à la modernité. J’ajouterai au concept « non-lieu », celui de « politique » pour signifier le « non-lieu politique » car la transformation majeure de la politique africaine se dessine dans les années 1950, au lendemain de la seconde guerre mondiale. Après des siècles de domination coloniale, ce continent se caractérise par les États affaiblis héritiers de frontières coloniales artificielles et d’oppositions entre groupes linguistiques. L’Afrique est par conséquent dans un non-lieu politique ; l’africain n’a plus de lieu anthropologique politique, il vit l’organisation politique et sociale comme une donnée de l’extérieur qui s’est imposée à lui sans tenir compte des réalités. Le lieu offre à chacun un espace qu'il incorpore à son identité, dans lequel il peut rencontrer d'autres personnes avec qui il partage des références sociales. Cependant, l’africain oscille entre la vie politique traditionnelle autochtone et la vie politique occidentale qui lui est imposée et dont il ignore les mécanismes d’appropriation. L’intérêt de mon étude réside dans la contestation de la vision internationale des conflits dans laquelle les notions de paix et de stabilité territoriale en Afrique ont ignoré la dimension anthropologique locale dont l’importance est incontestable de nos jours. Dans un souci de lutte collective contre les conflits en Afrique, l’étude présente une piste d’analyse sur la recherche de la paix, en faisant intervenir l’importance de la culture et de la civilisation africaines comme moyens efficaces de stabilité politique dudit continent.