Thèse en cours

« Etudes des principes fondamentaux du droit de l'environnement dans les politiques d'intégration et de coopération sous régionales : le cas de la CEDEAO ».

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Zainoul Barry
Direction : Sylvie Ciabrini
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Droit
Date : Inscription en doctorat le 01/12/2020
Etablissement(s) : Paris 12
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Organisations, marchés, institutions
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : LIPHA - Laboratoire Interdisciplinaire d'Etude Politique HANNAH ARENDT

Résumé

FR  |  
EN

TITRE : Analyse des enjeux de la mise en œuvre des principes fondamentaux du droit de l'environnement dans les politiques d'intégration et de coopération sous régionales : le cas de la CEDEAO » I/ CONTEXTE et PROBLEMATIQUE Ces dernières années, les Etats de l'Afrique de l'Ouest, chacun ou collectivement, ont fait des efforts importants pour se mettre à niveau dans les initiatives de gestion des ressources naturelles et de protection de l'environnement. Depuis le début des années 1970, une préoccupation réelle s'est développée pour ce secteur dont les effets ont été, notamment, une meilleure planification et des revenus plus importants. Les organisations de coopération sous régionale ont alors renforcé leurs stratégies, leur planification et leurs projets de développement correspondants aux principes généraux du droit de l'environnement. La Conférence des Nations Unies pour l'Environnement et le Développement, CNUED, a suscité dans le monde entier une conscience encore plus grande du caractère épuisable des ressources naturelles terrestres et de l'urgence à mieux les gérer. Cette gestion de l'environnement et particulièrement l'approche intégrée prend une place importante dans l'évolution des programmes. Chaque programme régional comporte des activités de gestion de l'environnement très diverses telles que des projets de coopération en matière de formation aux évaluations d'impact sur l'environnement ; la gestion des écosystèmes des lagunes côtières ; des estuaires et des mangroves ; la maîtrise des déchets industriels; agricoles et domestiques ainsi que la formulation de plans d'intervention en cas d'alertes à la pollution. Cette approche intégrée de la politique environnementale couvre une large gamme de secteurs essentiels en particulier ceux qui peuvent influencer positivement ou négativement les avancées dans l'intégration économique régionale notamment : - les processus naturels régionaux, - les grandes problématiques du secteur de l'environnement sensu lato, - l'état ou la dynamique des ressources communes et transfrontalières, - l'adhésion régionale individuelle ou collective des pays de la région aux grands traités internationaux de gestion des ressources naturelles et de protection de l'environnement. Cette politique globale de la gestion de l'environnement s'efforce de rester cohérente et complémentaire avec la Politique Commune pour l'Amélioration de l'Environnement de l'organisation. La phase opérationnelle a permis l'emploi d'une synergie d'action sous régionale bâtie. L'opportunité d'un regain d'intérêt et d'une synergie plus large dans les programmes environnementaux a été fournie par la naissance du Nouveau Partenariat Economique pour le Développement de l'Afrique (NEPAD) et le développement de son programme environnemental général et sous régional. Au niveau sous régional, la CEDEAO avait déjà commencé à s'investir dans les problèmes de gestion des ressources naturelles et de protection de l'environnement, notamment en partenariat avec les organisations régionales et sous régionales telles que l'OMVS, l'OMVG, l'Autorité de la Rivière Mano, le CILSS, etc. Ces partenariats ont progressivement développé des programmes de production et de gestion durable des ressources et de l'environnement. Si aujourd'hui les instruments juridiques de protection de l'environnement sont nombreux et couvrent l'essentiel des systèmes et des processus écologiques, on s'accorde à reconnaitre que l'ensemble des engagements pris par les Etats ou les organisations n'ont pas été pleinement respectés. De même, les progrès du droit de l'environnement restent bien en-deçà des enjeux et objectifs de développement durable. Les initiatives à cet effet ont été nombreuses mais n'étaient-elles pas malheureusement le résultat de décisions isolées et opportunistes non inscrites dans une politique commune avec des objectifs stratégiques fédérateurs promouvant, guidant et facilitant des actions sous régionales majeures communes ? La volonté globale des Etats membres de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) dans la mise en œuvre d'une politique commune en matière de gestion des ressources naturelles et de protection de l'environnement ne doit-elle avoir pour base les principes fondamentaux du droit de l'environnement ? Les Etats membres peuvent-ils participer ensemble à des exercices communs de définition de programmes notamment dans le secteur de la lutte contre la désertification, la protection juridique des cours d'eaux internationaux et la gestion durable de l'environnement ? En application des principes fondamentaux du droit l'environnement, la politique actuelle d'intégration et de coopération de l'organisation ne va-t-elle pas relever ce défi avant 2030 ? Sur le plan juridique, notre travail sera d'un apport important pour le Droit international en général et pour le Droit de l'environnement en particulier. Le Droit de l'environnement étant une science encore jeune, peu explorée, voire inappliquée dans les politiques d'intégration et de coopération sous régionales. Les principes fondamentaux du Droit de l'environnement en matière de protection des cours d'eaux internationaux et de la biodiversité en Afrique, le sont encore plus. Pour ce qui est des grands principes sur lesquels se fonde actuellement le droit de l'environnement, on peut les différencier en trois familles. Dans la première famille, il y a ceux qu'on peut définir comme des principes d'anticipation, c'est-à-dire des principes auxquels on se réfère prioritairement en amont du fait environnemental objet d'un encadrement juridique : ce sont les principes de prévention et de précaution, qu'il ne faut surtout pas confondre. La seconde famille peut être définie comme celle à laquelle on se réfère postérieurement à l'évènement environnemental, en aval, lorsqu'il s'agit essentiellement de réparer, corriger et remédier: c'est le principe pollueur-payeur qui va alors être invoqué mais son interprétation, simple a priori, peut faire l'objet de discussions en fonction du degré d'explication utilisé. Une troisième famille peut être déterminée par la transversalité de son domaine de mise en œuvre dans le droit de l'environnement, en lien évidemment avec les principes de prévention, de précaution et pollueur-payeur : elle rassemble tout ce qui est relatif à la transparence, l'information, la participation, la coopération. Dans la présente thèse, l'occasion nous est donc donnée d'apporter une contribution importante en termes de valeur ajoutée pour l'étude des règles juridiques internationales et africaines relatives à la protection de l'environnement. II/ OBJECTIFS Notre étude tentera de répondre aux préoccupations précédentes soulevées, et contribuer à l'analyse des enjeux de la mise en œuvre des principes fondamentaux du droit de l'environnement dans les nouvelles politiques d'intégration et de coopération de la CEDEAO. Il sera question pour nous de jauger l'existence ou non de dispositifs juridiques efficaces protecteurs de l'environnement au sein des Etats membres de l'organisation mais aussi comment ces dispositifs sont mis en pratique. Il nous reviendra également de voir s'il existe d'autres modèles de dispositifs juridiques efficaces de protection de l'environnement ailleurs dans d'autres organisations régionales ou sous régionales pour les proposer aux pays africains, tout en les adaptant bien évidemment aux réalités et contextes africains. De même, il sera question pour nous de savoir s'il y a une réelle application des conventions internationales ratifiées ayant pour objet la protection de l'environnement dans sa globalité et spécifiquement au sein de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest. III/ REVUE DE LA LITTERATURE En Afrique, la prise de conscience des préoccupations environnementales est perceptible dès l'accession de la plupart des États du continent à l'indépendance. Elle se manifeste soit par l'adhésion des États en question à des conventions en matière de protection de l'environnement, soit par l'adoption de nouvelles conventions en la matière dont la plus importante est incontestablement la Convention d'Alger de 1968 sur la conservation de la nature et des ressources naturelles. Cette Convention est aussi un témoignage de l'intérêt que l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) porte dès cette époque à la protection de la nature, puisqu'elle a été élaborée à son initiative et conclue sous son égide. Le mouvement écologique touche cependant l'Afrique bien plus tardivement, après la Conférence de Stockholm de 1972 et surtout à l'approche de la Conférence de Rio de 1992. Le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) y a contribué de façon déterminante, d'une part à travers la mise en place des programmes des mers régionales à partir de 1976 et la réflexion sur les questions écologiques majeures pour le continent telle que la désertification, d'autre part grâce à l'appui technique et financier apporté aux États africains dans le cadre du processus préparatoire de la Conférence des Nations Unies sur l'Environnement et le Développement (CNUED). Mais par-dessus tout, c'est la découverte d'un trafic de déchets dangereux entre pays industrialisés et certains pays africains, en 1988 qui aura véritablement déclenché l'alerte écologique en Afrique. Depuis lors, le continent est entré pleinement dans la dynamique environnementaliste qui véhicule un nouvel art de vivre à travers les notions de gestion écologiquement rationnelle et de développement durable. Dans sa publication monographique intitulée : L'environnement, notre patrimoine commun et son État-gardien : aspects juridiques nationaux, transnationaux et internationaux, Professeure Paule Halley (2012) analyse la complexité et l'ampleur des problèmes environnementaux, de même que les réformes que commande la mise en œuvre du développement durable, forcent les autorités publiques à renouveler leurs approches et moyens d'interventions. Ce qui nécessite le renouvellement des modèles de gouvernance de l'environnement par la remise en question du rôle de l'État et par l'introduction de la dimension collective. En Afrique, l'examen du corpus normatif et institutionnel environnemental mis en place par les Etats aux niveaux régional et national, montre que le cadre de protection de l'environnement dans sa globalité, quoique pluriel reste insuffisant. Il doit encore être amélioré pour assurer une protection efficace de l'écosystème et des ressources. Autrement dit, le principal défi qui se pose aux Etats de la région en ce qui concerne la protection de l'environnement, reste celui de la réforme du cadre global de gouvernance, à décliner en mécanismes d'action pertinents et efficaces. VI/ METHODOLOGIE Sur le plan scientifique, notre étude démontrera que l'économie des Etats membres de la CEDEAO est supportée dans une large mesure par les ressources naturelles, que les revenus des populations proviennent majoritairement des ressources naturelles vivantes incluant les forêts, la faune, les pâturages, l'eau et les terres agricoles. Pendant ce temps, la région dans son ensemble développe ses établissements humains et en particulier ses systèmes urbains de façon très rapide. Le tissu urbain en pleine croissance et la charge démographique créent des conflits et dégradent l'environnement et modifient négativement les conditions de vie. Ce sont là des indicateurs de l'urgence pour les hautes autorités de la sous-région de s'inquiéter de la gestion durable. C'est une étude qui vient juste au moment propice, car le continent africain notamment la CEDEAO, est actuellement confrontée à un problème de dégradation de l'environnement, sans précédent. Les ressources naturelles et l'ensemble de l'environnement sont marqués par des tendances lourdes de dégradation et d'aggravation des facteurs naturels et humains qui les affectent. La sous-région souffre de phénomènes souvent graves de réduction et de modification des ressources de toute nature. Les défis décrits ci-dessous mettent en exergue les secteurs et les problématiques majeurs ayant trait entre autres : 1) à la dégradation des terres et des ressources en eaux ; 2) à la déforestation, à l'appauvrissement des paysages et à la perte de diversité biologique sous les effets conjugués de facteurs naturels comme sécheresses et inondations, de facteurs humains comme l'exploitation abusive des arbres et forêts; 3) au changement rapide dans le statut et les qualités des ressources en eaux ; 4) à la dégradation de l'ensemble des paysages faute d'aménagement adéquat et du fait de l'insuffisance des opérations de restauration ou de renouvellement. Des efforts sont faits certes, et des capacités développées ; ils sont insuffisants et il est essentiel et urgent que les politiques et initiatives en faveur de réparations urgentes soient entreprises sans tarder et c'est cela que la politique environnementale de la CEDEAO va permettre. Pour mener à bien cette étude, notre travail consistera d'abord à une recherche documentaire afin de ressortir les fondements juridiques qui régissent la gestion de l'environnement de façon générale. Cela nous renvoie notamment à la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement de Rio de Janeiro, Brésil du 3 au 14 juin 1992 connue sous le nom de Sommet 'planète Terre' a adopté une déclaration qui a fait progresser le concept des droits et des responsabilités des pays dans le domaine de l'environnement, la conférence des Nations unies sur l'environnement, à Stockholm du 5 au 16 juin 1972, qui aboutit à la création du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), complémentaire du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), mais aussi aux conventions régionales sur la conservation de la nature et des ressources naturelles en Afrique et leur mise en œuvre. Ensuite nous nous focaliserons sur la mise en œuvre d'un cadre juridique conventionnel contraignant fondé sur les principes fondamentaux du droit de l'environnement entre les Etats de la CEDEAO en réalisant des entretiens individuels et de groupes avec des juristes spécialistes des questions environnementales, des ONG qui militent pour la protection de l'environnement, les départements ministériels et services publics, mais aussi des acteurs locaux impliqués dans la protection de l'environnement. Outre les entretiens, cette recherche pourra s'effectuer aussi à travers, notre participation aux conférences, colloques, voyages d'études et visites de terrain.