Thèse soutenue

La maladie du dépérissement de l'ananas à La Réunion : enquête épidémiologique et évaluation du diagnostic métagénomique viral

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Auteur / Autrice : Delphine Massé
Direction : Jean-Michel LettPierre Lefeuvre
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie moléculaire
Date : Soutenance le 16/11/2023
Etablissement(s) : La Réunion
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences, Technologies et Santé (Saint-Denis, La Réunion)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Peuplements végétaux et bioagresseurs en milieu tropical (Saint-Pierre, Réunion) - Peuplements végétaux et bioagresseurs en milieu tropical / UMR PVBMT
Jury : Président / Présidente : Stéphane Poussier
Examinateurs / Examinatrices : Stéphane Poussier, Cécile Desbiez, Emmanuel Jacquot, Nathalie Becker, Sébastien Massart
Rapporteurs / Rapporteuses : Cécile Desbiez, Emmanuel Jacquot

Résumé

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L'ananas (Ananas comosus, cultivar 'Queen Victoria') est la première culture fruitière de La Réunion et son principal produit d’exportation. La maladie du dépérissement de l’ananas ou mealybug wilt disease of pineapple (MWD), communément appelée 'wilt', affecte les plantations réunionnaises depuis 2014. Elle est présente dans l’ensemble des zones de culture d’ananas dans le monde, et entraîne des baisses de rendement pouvant atteindre 80%. La maladie se manifeste notamment par des symptômes foliaires de rougissement, jaunissement, flétrissement, dessèchement et incurvation. Elle aurait une origine multifactorielle impliquant un complexe de différents virus dont des ampelovirus, les pineapple mealybug wilt-associated virus (PMWaV), et des badnavirus, les pineapple bacilliform virus (PBV). Le rôle précis de ces virus dans l’étiologie de la MWD reste néanmoins mal compris.Dans ce contexte, nous avons tout d’abord conduit une enquête de terrain à La Réunion, qui a permis une analyse détaillée des symptômes et de la prévalence des virus présumés être impliqués dans la MWD (PMWaV1, PMWaV2, PMWaV3 PBCOV et PBERV). Elle a montré que la majorité des plants (93%) étaient infectés par au moins un de ces cinq virus et que les co-infections par au moins deux de ces virus étaient fréquentes (76%). Les PMWaV1, PMWaV2 et PMWaV3 semblaient contribuer à l'aggravation des symptômes, notamment dans les cas de co-infection. L’intervention d’autres facteurs biotiques et abiotiques confirment que la MWD aurait une origine multifactorielle complexe permettant de la requalifier en syndrome. L’analyse comparative de parcelles d’ananas issues de rejets traditionnel ou de vitroplants (VP) pendant plusieurs cycles de production a montré que les ananas issus de VP présentent en moyenne un faible taux d'infection par le PMWaV1 et le PMWaV3 au cours du temps, et suggère que leur utilisation permet d’améliorer l’état sanitaire des cultures d’ananas et de limiter l’impact de la MWD à La Réunion.La deuxième partie de cette thèse a porté sur l’évaluation de cinq approches de séquençage haut débit (HTS) de deuxième et troisième génération pour le diagnostic des virus infectant l’ananas. Cette étude a montré que la combinaison d’une approche short reads (séquençage Illumina à partir d’ARN total ribodéplété) et d’une approche long reads (séquençage Nanopore MinION à partir d’ARN total) permettait la détection simultanée et l’assemblage de neuf génomes complets ou quasi complets de virus appartenant aux genres Ampelovirus (Closteroviridae), Badnavirus (Caulimoviridae), Sadwavirus (Secoviridae) et Vitivirus (Betaflexiviridae). Ces résultats soulignent l’intérêt des approches combinées de HTS pour la caractérisation de la diversité phytovirale et l’indexation virologique à des fins d’évaluation de l’état sanitaire des cultures d'ananas.