Thèse soutenue

La pensée symbolique dans la fondation de l'identité insulaire : l'exemple de la Corse

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Auteur / Autrice : Alexandra Bézert
Direction : Bruno GarnierDumenica Verdoni
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langue et littérature françaises
Date : Soutenance le 16/12/2016
Etablissement(s) : Corte
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Environnement et sociéte (Corte ; 2000-....)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Éric Fougère, Ana Clara Viegas, Jacques Isolery, Frank Lestringant
Rapporteurs / Rapporteuses : Éric Fougère, Ana Clara Viegas

Mots clés

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Résumé

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L’insularité peut être vue comme un thème nodulaire en littérature : thème au coeur d’un réseau métaphorique dont il convient d’analyser les constituants élémentaires et indispensables à son identification. Ce travail s’attache à montrer dans quelle mesure on peut affirmer que certaines oeuvres littéraires relevant des espaces insulaires portent un projet de construction identitaire. Notre réflexion s’appuie en premier lieu sur les deux tomes du roman de formation Marie di Lola, de Michèle Castelli, qui confèrent à la Corse le lieu privilégié de leurs récits. La confrontation avec deux autres oeuvres, répondant à une communauté générique et thématique, vient nourrir le centre de notre analyse. Dans L’École du Sud, Dominique Fernandez retrace sur le mode de la fiction romanesque le parcours de son père en le situant en Sicile. Grazia Deledda, auteur majeur de la littérature italienne, originaire du Nuoro, au coeur de la Sardaigne, a choisi de prendre cette île mystérieuse comme théâtre de son oeuvre Cenere traduite en français sous le titre de Braises.L’insularité supporte ici la question fondamentale de l’identité, collective mais également individuelle, dirigée vers cette connaissance de soi, préoccupation de chaque individu.La société traditionnelle insulaire fonctionne au moyen d’unités constitutives selon une vision circulaire de l’espace organisée en cercles concentriques. Ces cercles sont la famille, le village et l’île, c'est-à-dire l’espace insulaire.Centrant notre sujet sur la formation de l’identité, le genre littéraire retenu peut situer la fiction à différents niveaux. Chez Michèle Castelli, l’histoire de Marie s’appuie sur la caractérisation du personnage central par un référent réel, sa grand-mère, mais sur le mode d’écriture du « je ». Dans L’École du Sud, Dominique Fernandez imagine le personnage de Porfirio comme une incarnation de son père, cependant, il choisit de placer son récit dans un lieu qui lui est familier mais sans rapport avec ses origines familiales. Anania, le héros de Grazia Deledda, purement fictionnel, est profondément ancré dans la Sardaigne rurale, au tout début du vingtième siècle. La fiction offre alors la liberté de construction du personnage. La fiction ici devient un vecteur de transmission de la réalité d’un espace dont on peut extraire des figures porteuses de sens. L’étude de ces parcours initiatiques met en évidence des influences communes, notamment féminines, familiales et historiques. Ces parcours confèrent à l’espace un rôle déterminant.Élargir notre panorama à d’autres exemples extraits d’oeuvres mettant en scène l’imaginaire corse, nous amène à nous interroger sur la portée d’oeuvres littéraires qui entretiennent ensemble des relations d’intertextualité, porteuses de constructions identitaires collectives. L’île n’a eu de cesse de fasciner et nombreux sont les écrivains à s’être penchés sur l’île et sa représentation. Ces écrits mettent en lumière l’ambivalence de ce lieu paradoxal et contradictoire : l’île mère, protectrice, rêvée mais aussi l’île prison, terre d’ensevelissement. Lieu mythique, elle nous apparaît comme le fil conducteur dans l’analyse de ces récits littéraires et cette vision des énigmes de la psyché insulaire nous permet de décrypter des symboles.Or, tout objet littéraire est le résultat d’un regard. Lorsque celui-ci a pour sujet d’observation la Corse, l’écrivain insulaire ne peut occulter, dans sa démarche d’écriture, l’influence, plus ou moins consciente, de la culture continentale. Dès lors, se pose la question d’une déviation possible de son regard sur sa propre culture.Toutefois, les regards croisés de ces auteurs sont représentatifs de l’intérêt porté sur la culture insulaire et significatifs d’une mise en valeur et de la préservation du patrimoine corse.