Thèse soutenue

Positionnement nucléaire et SUMOylation dans le maintien de l'intégrité des fourches de réplication

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Kamila Schirmeisen
Direction : Sarah Lambert
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de la vie et de la santé
Date : Soutenance le 14/12/2023
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Structure et Dynamique des Systèmes Vivants
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Intégrité du génome, ARN et cancer (2010-....)
référent : Faculté des sciences d'Orsay
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Life Sciences and Health (2020-....)
Jury : Président / Présidente : Manuel Mendoza
Examinateurs / Examinatrices : Marie-Noëlle Simon, Gérard Mazón, Catherine Freudenreich
Rapporteurs / Rapporteuses : Manuel Mendoza, Marie-Noëlle Simon

Résumé

FR  |  
EN

La transmission fidèle du patrimoine génétique est un processus cellulaire essentiel à la vie. Des accidents survenant au cours de la réplication, nommés stress de réplication, sont une source majeure d'instabilité génétique alimentant la tumorigenèse. La prise en charge du stress réplicatif survient dans un noyau présentant des compartiments avec des capacités de réparation différentes. Chez les eucaryotes, certains dommages de l'ADN présentent une mobilité accrue, un phénomène qui leur permet de changer de compartiment nucléaire afin de terminer le processus de réparation. De même, des fourches de réplication, dont la progression est altérée, se déplacent vers la périphérie pour s'ancrer aux complexes du pore nucléaire (CPN). Ces changements de compartiments sont régulés par le métabolisme de petits modificateurs de type ubiquitine (SUMO), qui jouent un rôle essentiel pour réguler spatialement les activités de la voie de réparation par la recombinaison homologue (RH). Nous avons précédemment établi, chez la levure Schizossacharomyces pombe, qu'une fourche de réplication bloquée par une protéine liée à l'ADN se relocalise et s'ancre au CPN de manière SUMO-dépendante. La formation de chaînes SUMO déclenche la relocalisation mais limite l'efficacité de redémarrage de la réplication par la RH. Un routage vers le CPN permet aux intermédiaires conjugués SUMO d'être éliminés par la protéase Ulp1 et le protéasome, dont les activités sont enrichies à la périphérie nucléaire. Mon projet de thèse vise à décrypter comment le métabolisme SUMO et le CPN contribuent à la protection des fourches et à leur redémarrage. Pour cela, j'ai utilisé une approche de biologie synthétique pour bloquer la progression d'une seule fourche de réplication et étudier son devenir dans l'espace nucléaire de S. pombe. Tout d'abord, j'ai caractérisé le rôle du panier nucléaire, un sous-complexe du CPN, dans la réactivation des fourches par la RH. J'ai découvert que la nucléoporine Nup60 assure la stabilité et la séquestration de la protéase SUMO Ulp1 à la périphérie nucléaire. J'ai aussi révélé que la nucléoporine Alm1 est importante pour la relocalisation et/ou l'ancrage des fourches bloquées au CPN. L'analyse de ces nucléoporines m'a permis de démêler les fonctions distinctes de Ulp1 et du protéasome dans la dynamique de redémarrage des fourches par la RH. J'ai montré, par une approche génomique cartographiant l'utilisation des ADN polymérases (Pu-seq), que les CPN associés à Ulp1 agissent sur la reprise de la synthèse d'ADN au niveau des fourches bloquées, tandis que les CPN associés au protéasome maintiennent la vitesse des fourches redémarrées. Les activités d'Ulp1 et du protéasome ne sont pas interchangeables et affectent différemment la dynamique du redémarrage des fourches par la RH. De plus, j'ai caractérisé la vague de SUMOylation qui se produit au site d'arrêt des fourches : la monoSUMOylation est insuffisante pour relocaliser les fourches à la périphérie nucléaire mais suffisante pour assurer la protection des fourches dans le nucléoplasme. En étudiant les rôles des deux SUMO ligases connues chez S. pombe, j'ai montré que, contrairement à Pli1, Nse2 n'est nécessaire ni pour la protection des fourches ni pour leur relocalisation à la périphérie nucléaire. Enfin, j'ai découvert que le compartiment nucléoplasmique est moins efficace dans la protection des fourches lorsque Ulp1 n'est pas séquestré à la périphérie nucléaire, alors que cette dernière fournit un environnement "protecteur des fourches" par des mécanismes encore inconnus. L'ensemble de mes résultats suggèrent que la répartition spatiale du métabolisme SUMO et le positionnement nucléaire des sites de stress de réplication sont des déterminants clés de l'intégrité et du redémarrage des fourches de réplication. Ce travail permet de comprendre comment l'altération du métabolisme SUMO, fréquemment observée dans diverses maladies comme le cancer, influence le maintien de l'intégrité du génome.