Thèse soutenue

Les isotopes multiples du soufre pour étudier la biogéochimie de la Méditerrannée lors de la crise de salinité Messinienne

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Auteur / Autrice : Laetitia Guibourdenche
Direction : Giovanni Aloisi
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de la terre et de l'environnement
Date : Soutenance le 13/12/2022
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la terre et de l'environnement et physique de l'univers (Paris ; 2014-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : UMR-Institut de physique du globe de Paris (2005-....)
Jury : Président / Présidente : Jérôme Gaillardet
Examinateurs / Examinatrices : Jérôme Gaillardet, David T. Johnston, Alexandra Turchyn, Rachel Flecker, Christophe Thomazo
Rapporteurs / Rapporteuses : David T. Johnston, Alexandra Turchyn

Résumé

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La crise de Salinité Messinienne (MSC; 5.97' 5.33 Ma), qui a influencé l'évolution du bassin Méditerranéen à la fin du Miocène est un des évènements géologiques les plus controversé et a permis la déposition d'un immense volume d'évaporites, aussi connu comme le Géant Salifère de Méditerranée (MSG). Cet évènement sans précédent est le résultat de la restriction progressive des échanges hydrologiques entre la Méditerranée et l'Océan Atlantique et a éventuellement donné lieu à l'isolation complète du bassin Méditerranéen. De nombreuses évidences suggèrent que cette restriction hydrologique sévère a causé la profonde modification de la biogéochimie de la Mediterranée, déjà avant le début de la précipitation des évaporites. Cependant, le fonctionnement biogéochimique des bassins méditerranéens profonds et marginaux est peu connu, principalement parce que les couches de sels qui constituent le géant salifère sont dépourvues des marqueurs classiquement utilisés pour les reconstructions paleo-océanographiques. Dans ce manuscrit, j'ai donc choisi d'étudier le cycle biogéochimique du soufre dans les couches constituées de minéraux de sulfate de calcium qui se sont déposés dans les bassins méditerranéens et sont particulièrement intéressant dans ce contexte. Premièrement, parce que le soufre est une des briques qui constituent les minéraux principaux formés pendant la MSC. Et deuxièmement, parce le soufre joue un rôle majeur sur le cycle des éléments majeur dans l'océan, autant à court terme qu'a long terme. Notamment le soufre océanique est particulièrement sensible aux perturbations causées par la restriction hydrologique sur le cycle du carbone. Pour étudier l'impact de la restriction sur le cycle biogéochimique du soufre pendant la MSC, j'ai utilisé les isotopes multiples du soufre comme outil, pour identifier et contraindre les différents flux de soufre impliqués dans les bassins marginaux et profonds de la Méditerranée. Cette approche m'a permis de lier la présence de fossiles de bactéries sulf-oxidatrices dans le gypse qui s'est formé au début de la MSC dans les bassins marginaux de la Méditerranée, à un cycle cryptique du soufre, qui implique la réduction du sulfate en sulfure, la re-oxidation quasi quantitative de ce sulfur en sulfate. Cette dynamique biogéochimique particulière a, de plus, impliqué la reminéralisation de flux benthiques important de carbone organique par la sulfato-réduction. Ces flux sont comparables à ceux mesurés dans les zones les plus productives de l'océan moderne, où des consortiums de bactéries similaire à ceux fossilisés dans le gypse sont retrouvés. Dans la deuxième partie de mon doctorat, j'ai utilisé une approche similaire pour comprendre le cycle biogéochimique du soufre dans les bassins profonds de la Méditerranée à la fin de la MSC. Cette approche m'a permis de comprendre que le cycle cryptique du soufre n'était pas restreint aux bassin marginaux et peu profonds de la Méditerranée mais était en fait une caractéristique principale du cycle du soufre dans le bassin Méditerranéens en entier. De plus, les signatures isotopiques des sulfures de fer reflètent souvent l'influence de paramètre sédimentaire locaux sur le microenvironnement dans lequel les sulfures de fer se forment. Dans cette thèse, je propose que l'épaisseur de la colonne d'eau sous laquelle les sulfures de fer se forment joue une importance majeure sur leur composition isotopique. J'ai donc utilisé cette relation empirique pour déterminer la profondeur maximale des bassins dans lesquels les sulfures de fers se sont formés à la fin de la MSC. Cette estimation a ensuite été utilisé comme un paramètre dans les reconstructions paléo-bathymétrique des bassins Méditerranéens à cette période, dans le but de contraindre la baisse de niveau marin minimal ayant pu avoir affecté la Méditerranée pendant la MSC. '